Oran Aujourd'hui

Un cadre urbain gangrené par le «laisser-faire, laisser-aller»

Il y a quelques jours, on apprenait par un journal oranais qu’une «vingtaine de locataires ayant entrepris des transformations dans leurs appartements et leurs parties extérieures, ont été mis en demeure par les services communaux, en collaboration avec la police de l’Urbanisme, les invitant à remettre leurs logements en leur l’état initial «. Précisant qu’après expiration du délai accordé, ces locataires seraient traduits devant la justice. Il est vrai qu’à travers les grandes cités d’habitat périphériques et les quartiers, les caves d’immeubles et les vides sanitaires ont été squattées, occupées illicitement par des familles ou par des individus ayant ouvert des commerces divers et parfois même de petits ateliers de ferronnerie, de conditionnement alimentaire ou de confection textile, le plus souvent sans autorisation légale. Des fenêtres d’appartements situés en rez-de-chaussée ont été transformées en devantures de magasins, parfois au mépris des règles de sécurité concernant la structure des murs porteurs de l’immeuble. Ici et là on peut observer des garages, des terrasses, des jardins clôturés avec accès privé réalisés en extension illicites d’un logement avec empiétement sur l’espace public. Un phénomène connu depuis longtemps, mais qui a tendance ces derniers temps à s’amplifier à travers certaines cités comme à l’USTO, Hai Sabah et Yaghmoracen. Encouragés par l’impunité accordée au voisin qui a construit depuis longtemps son extension sauvage, bon nombre de résidents s’empressent de faire la même chose pour agrandir leur espace privé ou pour améliorer leur revenu à travers une quelconque activité. L’absence de l’Etat en matière gestion et de contrôle du cadre bâti ne pouvait qu’accentuer le phénomène. A la cité des 1240 Lgts des HLM/USTO, on peut même «contempler» une salle de prière, véritable petite mosquée réalisée au bas d’un immeuble après démolition de quelques pans de mur et extension sur le trottoir. On se souvient que même l’intervention d’un ancien wali, Tahar Sékrane, n’avait pas permis à l’époque d’éviter cette dérive urbaine. Il existe pourtant non loin de l’endroit plusieurs autres mosquées, dont la grande Mosquée Ben Badis et celle des HLM. Fatalement, cette annonce de sanction contre une vingtaine de locataires mis en demeure d’arrêter leur «projet’ d’extension sauvage de leur logement a fait sourire les mauvaises langues locales, convaincues que cette «goutte d’eau» ne parviendra pas à assainir le paysage urbain gangrené depuis des décennies par les dérives, l’anarchie et le «laisser-faire laisser-aller»…
Par S.Benali

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