EDITO

Un radeau en pleine dérive

Comment un régime aussi immoral et aussi corrompu que celui du Makhzen peut-il encore tenir? Un régime qui a fait de son peuple l’ennemi à mater. Une doctrine rare dans le monde et unique en son genre. On a vu par le passé certains régimes imposer des contraintes éprouvantes et des pressions de tout genre à leurs opposants, mais un régime qui travaille à appauvrir et à mettre à genou tout son peuple c’est une première.
Au Maroc la rupture entre le peuple et ses dirigeants est des plus profondes. Rien ne lie plus ce que sont devenus, avec le temps, ces deux antipodes. Que ce soit sur le plan international ou interne, les aspirations des uns et les calculs des autres sont à l’opposé les l’un de l’autre. Et s’il en fallait une preuve à ce sujet, il n’y a pas mieux que la question palestinienne et le génocide que commettent les sionistes à Ghaza. Ainsi et au moment où le peuple marocain multiplie les manifestations pour apporter son soutien à ses frères en Cisjordanie et à Ghaza, le pouvoir lui maintient sa politique de normalisation avec l’entité sioniste. Pire encore, il apporte un soutien clair et franc à l’effort de guerre sioniste en permettant aux navires de guerre sionistes d’accoster dans ses ports pour aller ensuite bombarder les civils palestiniens et détruire leurs maisons, écoles et hopitaux.
Au plan interne, la vie des Marocains est devenue un enfer, au moment où la caste régnante ne cesse de s’enrichir. Des millions de Marocains ne mangent pas à leur faim et beaucoup ont vu leurs maisons détruites ou cédées aux nouveaux propriétaires juifs.
Le calvaire de la population d’Al Haouz, région frappée par un séisme destructeur il y’a un an de cela, renseigne sur le peu de cas qu’en fait un gouvernement trop occupé à courir vers l’amassement d’argent et de fortunes colossales en cette fin de règne d’un roi totalement hors sol, et qui doit gérer une succession de pouvoir où la maison royale se déchire à couteaux tirés autour d’un trône déjà vacillant.
Le fossé entre gouvernants et gouvernés ne cesse de se creuser et la rupture est désormais bien consommée, dans un pays qui a perdu toute souveraineté que les dirigeants ont mis entre les mains des Français, leurs nouveaux alliés dans l’aventure hasardeuse de la colonisation du Sahara occidental, et l’entité sioniste qui gère désormais tous les leviers de gouvernance dans un pays qui ressemble à un radeau en pleine dérive.
Mais la colère grandissante du peuple marocain finira inéluctablement par exploser à la face d’une caste dirigeante trop affairée, dans un système de corruption érigé en mode de gouvernance, à se remplir les poches jusqu’à la déflagration totale.
Par Abdelmadjid Blidi

 

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