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La fête du trône annulée au Maroc:
Un royaume qui s’enlise dans la crise

L’annulation de la fête du roi est, sans conteste, une étape majeure dans le processus de descente en enfer pour un pays qui aurait pu s’économiser tant de souffrances qui sont inscrites dans son parcours futur, à cause du pacte qu’il a signé avec Israël.

La fête du trône au Maroc n’a pas eu lieu, hier. Cet événement annuel majeur au Royaume passe traditionnellement pour être le rendez-vous politique qui ouvre les perspectives de la rentrée sociale qui suit. La cause de l’annulation de cette fête est en rapport avec la Covid-19, selon les autorités qui en ont fait part dans un communiqué rendu public, expliquant des mesures drastiques incompatibles avec la nature de la manifestation. Cette version, inventée à la hâte, ne convainc personne au Maroc, ni ailleurs dans le monde. L’absence du roi qu’on dit en convalescence en France, après une hospitalisation due à une infection par le nouveau coronavirus est une explication certainement plus plausible. Mais le Makhzen refuse d’aller sur cette voie de peur de ne pouvoir en contrôler les conséquences. Il faut savoir, en effet, que des informations de plus en plus sérieuses, donnent Mohamed VI pour gravement malade.
L’homme serait impotant et incapable de tenir sur une chaise et encore moins à cheval. La décision du report, prise avec plusieurs jours d’avance, est en soi un signe qui ne trompe pas quant à l’état de santé très dégradé du roi marocain. En réalité et contrairement à la propagande royale, Mohammed VI a déjà subi en février 2018 et en juin 2020 deux interventions chirurgicales liées à une pathologie cardiaque. Ces deux actes médicaux l’ont maintenu en vie, mais très largement amoindri, en tout cas dans l’impossibilité d’assumer sa fonction de manière permanente. Sur le plan protocolaire, le Palais royal a tenté une entourloupe en convoquant un sosie pour lui faire faire le sacrifice du mouton le jour de l’Aïd El Adha.
La tentative a été un échec, puisque le stratagème a été démasqué preuve à l’appui. Le silence du Makhzen face aux preuves déployées sur le Net renseigne sur la gène et l’on a opté à Rabat pour le profil bas, histoire de laisser passer le scandale. Quant aux images de la télévision marocaine de la transmission de la prière de l’Aid, elles montraient un Mohamed VI non reconnaissable, suscitant des réactions d’inquiétude auprès de l’opinion publique marocaine, alors qu’une guerre de succession sans merci fait actuellement rage à Rabat.
L’annulation de la fête du trône confirme l’aphonie politique du pouvoir marocain dans un contexte interne et régional qui devrait appeler des interventions régulières pour montrer le cap aux sujets du royaume. Ce défaut de communication vient brouiller les images à un peuple confronté à des interrogations multiples, dont la dégradation impressionnante de son niveau de vie et surtout les desseins de l’entité sioniste avec laquelle l’autorité centrale du pays s’est liée par un pacte militaire, sans tenir compte des sentiments de la majorité des Marocains. Le roi ne dira donc rien à son peuple, le laissant dans l’ignorance quant aux impacts terribles d’une série de très graves décisions prises contre la volonté des hommes et des femmes du peuple.
Au lieu et place d’une explication royale, les Marocains ont droit à une vague de répression féroce dirigée contre tout opposant. Cette façon de faire bestiale a été critiquée par un rapport très documenté produit par Human Rights Watch (HRW). Ainsi, alors que les Marocains expriment un mécontentement légitime, la réponse des autorités consiste à employer «tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les opposants, tout en s’efforçant de conserver intacte l’image du Maroc en tant que pays respectueux des droits», explique Lama Fakih, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ces techniques «forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l’Etat» marocain, observe l’organisation de défense des droits humains basée à New York.
Le rapport de HRW n’est qu’une pièce du puzzle marocain et fait partie d’un ensemble d’indices qui annonce un implosion du régime du Makhzen. L’annulation de la fête du trône est, sans conteste, une étape majeure dans le processus de descente en enfer pour un pays qui aurait pu s’économiser tant de souffrances qui sont inscrites dans son parcours futur, à cause du pacte qu’il a signé avec Israël.
Nadera Belkacemi

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