EDITO

Une guerre peut en cacher une autre

Un expert international n’a pas hésité à donner un tout autre éclairage sur ce qui se passe en Ukraine. Pour lui la problématique est tout à fait différente de celle que l’on pourrait croire, puisqu’ il juge que nous n’assistons pas à une guerre de la Russie contre l’Ukraine, mais à une guerre de l’Amérique contre la Russie. Cela peut paraître totalement incongru, mais quand on creuse un peu on doit reconnaître que l’on n’est pas trop loin de cette vérité.
Toute proportion gardée, nous sommes en face d’un remake du scénario du début de la guerre d’Irak en août 1990. On se rappelle qu’à l’époque les Américains présentaient ( abusivement d’ailleurs) l’armée irakienne comme la quatrième puissance au monde. Plus encore, quand Saddam avait décidé d’envahir le Koweït, il avait au préalable informé Washington, qui avait répondu que cela ne la concernait pas, et que c’est là une affaire entre l’Irak et son voisin koweïtien. La suite on la connaît tous. Saddam venait tout simplement de signer sa fin, puisque les Américains ne s’arrêteront qu’avec sa chute finale en 2003.
Ce n’est pas tout à fait le même scénario auquel on assiste aujourd’hui, mais les Occidentaux nous ont, là encore, présenté la grande différence entre les deux forces en guerre, puisque l’armée russe était dix fois plus forte que l’armée ukrainienne. Mais tout juste après, les commentaires et les couvertures médiatiques donnaient les Russes en grande difficulté, et même pratiquement en train de perdre la guerre face à «l’héroïque résistance des Ukrainiens» sur tous les fronts de la guerre. Et quand ce sont les Russes qui prouvaient leur suprématie sur le terrain, on dégainait très vite, les crimes de guerre. En parallèle, Poutine est dépeint comme un monstre dictateur quand ses forces avancent, et quand ce n’est pas le cas, on nous parle d’un président malade atteint d’on ne sait quelle maladie incurable, ou d’un président totalement coupé du monde et de la réalité, et auquel ses conseillers mentent tout le temps.
Et tout cela est agrémenté d’une menace de traduction face à la justice internationale pour crimes de guerre. Une justice internationale que les Américains ne reconnaissent pas, puisque les Etats-Unis n’ont pas signé le Traité de Rome qui a donné naissance à la Cour Pénale internationale (CPI). Mais dans le cas d’une campagne médiatique, diplomatique et même militaire aussi virulente, on ne se prive de rien, car il y va de la suprématie des Américains qui sont clairement dans une nouvelle guerre froide. Et pour cela, ils mettent des moyens conséquents comme cette aide colossale de 14 milliards de dollars votée et par les démocrates et par les républicains du Congrès, en plus d’un important lot d’armement lourd. Et cela prouve tout l’engagement et les intentions des États Unis d’Amérique.
Par Abdelmadjid Blidi

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