Une instabilité politique inquiétante
Le coup d’Etat survenu mercredi 26 novembre en Guinée Bissau est le douzième du genre en Afrique durant ces dix dernières années. Trois jours à peine après des élections présidentielles, le président Umaro Sissoco Embaló a, en effet, été arrêté et les militaires putschistes ont annoncé la suspension du processus électoral. Un général a été désigné pour diriger ce qu’il a qualifié “de période de transition d’une année”.
Une déclaration à prendre avec des pincettes, quand on sait ce qui s’est déjà passé dans d’autres pays africains, où les militaires qui avaient fomenté des coups de force n’ont jamais rendu le pouvoir aux civils. Il en est surtout le cas dans le Sahel où le Mali détient le triste palmarès avec six coups d’État entre 2013 et 2020, alors que le Burkina Faso, le Niger, la Guinée sont eux aussi dirigés par des militaires qui ont pris le pouvoir par la force.
Des putschistes qui se sont présentés comme les défenseurs de la stabilité et de la sécurité de leurs pays, alors que la réalité est toute autre. Et en ce point, le Mail est la parfaite illustration, puisque les groupes terroristes n’ont jamais été aussi puissants que depuis l’arrivée de Assimi Goïta au pouvoir, au point où l’État malien est sérieusement menacé aujourd’hui de disparition face aux avancées des groupes djihadistes tel le JNIM, qui a imposé un blocus de fait autour de la capitale Bamako, qui vit des crises multiples dont notamment celle de l’approvisionnement en carburant.
Une instabilité généralisée qui est un fait quasiment particulier de l’Afrique, dernier continent au monde, où les coups de force anticonstitutionnels ont touché ces dernières années plusieurs pays. Un état de fait qui a été mis en avant par le ministre d’État, ministre des affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, qui a indiqué dans son intervention lors du sommet Afrique-UE qui s’est tenu en Angola, qu’il s’agit aujourd’hui de tirer la sonnette d’alarme sur deux faits menaçant en Afrique , le retour des coups d’État et l’aggravation du terrorisme.
«Tirer la sonnette d’alarme d’abord concernant le retour des changements anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique», qui ne sont “plus de simples réactions ponctuelles à des circonstances passagères» puisqu’«ils deviennent une réalité qui s’étend et s’enracine, dans un contexte où les perspectives de retour à l’ordre constitutionnel restent bloquées». Il a ensuite indiqué qu’il faut tirer la sonnette d’alarme «face à l’aggravation du fléau du terrorisme en Afrique, alors même qu’il a reculé dans d’autres régions du monde», mettant en avant le fait que «la région du Sahel est devenue aujourd’hui le foyer et l’épicentre mondial de cette menace qui a semé corruption et crimes dans les pays et sociétés africains”.
Ce qui s’est passé en Guinée Bissau mercredi confirme cette tendance dangereuse des changements par la force et les coups d’État qui ne joue pas en faveur de la stabilité, la sécurité et le développement du continent africain.
Par Abdelmadjid Blidi