A Oran, les herboristes affirment que les plantes aromatiques médicinales connaissent un réel engouement.
«Nous sommes au boulevard Mascara. Ici, c’est le fief de l’herboristerie à Oran. Des bottes de thym sauvage, de sauge, de romarin et d’eucalyptus tapissent les devantures d’interminables boutiques ombragées.
«Le nombre de clients qui viennent chez nous ne cesse d’augmenter. Les gens apprécient de plus en plus les plantes médicinales», affirme Hassene, herboriste installé depuis une trentaine d’années dans cette grande artère commerçante attenante au souk le plus réputé d’Oran: M’dina Djedida. Les étagères de sa boutique sont garnies de plantes aromatiques et médicinales: des clous de girofle, de l’anis et des graines de chia et des centaines de produits naturels. M. Mechati, chercheur qui a mené un travail d’études sur la phytothérapie, explique que «le domaine des plantes aromatiques et médicinales qui constitue une partie de l’histoire et de la culture du pays est à même de générer des revenus pour les familles ainsi que l’Etat, vu son grand potentiel en matière d’exportation».
Ce chercheur souligne «l’importance de la phytothérapie dans le monde en tant qu’orientation vers les plantations biologiques du fait qu’elles constituent une source importante de médicaments».
Tout en évoquant l’importance du secteur des plantes médicinales et aromatiques en tant que plantations alternatives, notamment dans les régions arides, ce chercheur, estime que «des brevets d’exploitation de plantes dans tous les domaines industriels peuvent être lancés.» De son côté, la profession tente de s’organiser. La fédération nationale des professionnels des plantes et des produits naturels organise régulièrement des formations en herboristerie pour valoriser ce métier à Oran. Ces formations s’inscrivent dans le cadre du programme de la fédération, qui concerne la vente des plantes, la cueillette, le séchage et l’extraction de produits naturels. Cette fédération œuvre à recenser les plantes pour les préserver, en collaboration avec des chercheurs universitaires. Elle tend également à instaurer une éthique en vue de protéger le consommateur et de lutter contre le charlatanisme.
«Dans les plantes, il existe des principes actifs. Il suffit d’extraire scientifiquement ces principes actifs et de les reproduire en reconditionnant la molécule sous des formes appropriées pour un usage à but thérapeutique», indique le Dr Merkouni, phytothérapeute basé à Oran.
«Les pouvoirs publics ont mis en place une politique qui encadre le commerce des plantes médicinales. Cela vise à permettre de sortir la médecine traditionnelle de l’ombre», explique ce médecin. Selon la loi, les herboristes ne sont pas autorisés à préparer des mixtures d’herbes, ni à faire la promotion des vertus thérapeutiques de leurs produits dans n’importe quel média. La législation interdit clairement aux commerçants exerçant l’activité d’effectuer des préparations, le conditionnement ou toute promotion des vertus thérapeutiques de leurs produits. Les herboristes sont aussi tenus par la loi d’éviter le recours aux méthodes thérapeutiques traditionnelles telles que la hidjama, la roquia et l’acupuncture.
Face à l’explosion de la demande, de plus en plus de laboratoires pharmaceutiques se sont lancés dans la phytothérapie par la production de compléments alimentaires à base de plantes. Sur le marché légal, on peut trouver, par exemple, un gel à base d’aloe vera préconisé dans les troubles digestifs, une solution buvable à base de feuilles de lierre pour le traitement des problèmes respiratoires ou encore des gélules à base de canneberge, une plante importée connue pour ses vertus contre les infections urinaires en plus de ses propriétés anti-oxydantes.
Imad. T