Les paradoxes de la politique du «relogement»
Mercredi dernier, un groupe de jeunes a fait irruption dans le bureau du chef de daïra d’Aïn El Türck, pour agresser violemment le maire d’El Ançor présent sur les lieux pour participer une journée de réception des exclus de la liste des 500 logements sociaux organisée au siège de la daïra. Ce grave incident aurait pu tourner au drame sans l’intervention rapide et énergique des deux agents de la sûreté de daïra et de quelques citoyens présents.
Le maire de la commune d’El Ançor a été transféré peu après l’agression aux urgences de l’EH d’Aïn El Türck, et le chef de daïra a été de son coté rapidement mis à l’abri des menaces d’agression par le groupe de jeunes en proie à un déchainement de violence peu habituel. Une plainte a été déposée au tribunal d’Aïn El Türck, et une enquête judiciaire sera évidemment engagée pour faire toute la lumière sur cette affaire d’agression et «condamner les coupables et les éventuels commanditaires».
Il convient de rappeler que le 16 août dernier, l’APC d’El Ançor avait organisé un tirage au sort pour le positionnement des bénéficiaires au programme des 500 logements sociaux en prévision de l’opération de distribution des logements prévue le 20 août. Cette action a été vivement contestée par des demandeurs de logements non retenus sur les listes de bénéficiaires, et qui furent invités à se rendre au siège de la daira le mercredi 17 août, pour étude au cas par cas et présentation des motifs de rejet par la commission de daïra. Mais comment expliquer que la déception et le mécontentement de ceux qui ont été exclus de cette opération de relogement puisse se transformer en déchainement de haine et de violence dans l’enceinte même d’une institution de l’Etat? Commentant cet événement, qui est loin d’être un fait divers banal, les observateurs avisés pointent du doigt tout le système global de gestion et d’organisation des opérations de relogement qui, à la base, repose sur des incohérences, des paradoxes et des carences dans la maîtrise des flux de déplacement de population vers les bidonvilles et l’habitat précaire.
«Toutes ces familles qui se déclarent sans logement ne tombent pas subitement du ciel, soulignent les mauvaises langues oranaises… elles étaient bien installées quelque part sur le territoire dans des conditions pouvant être connues et cernées, justifiant ou non d’un relogement… Pourquoi ce travail en amont n’a jamais pu être réalisé par les pouvoirs publics avec rigueur et efficacité ?».
A défaut de pouvoir gérer le territoire de leur commune dans tous les domaines, bon nombre d’APC restent piégées par les nombreux dossiers qui nourrissent les intrigues, les conflits, et les manoeuvres visant à anéantir les initiatives et à freiner l’émergence des convictions et des ambitions à un véritable changement vers le progrès et la modernité…
Par S.Benali