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Pêche:
Le noyau d’une industrie maritime se dessine

Du chantier de construction de deux thoniers au port de Honaïne à Tlemcen, à l’extrême ouest du pays, à ceux de Zemmouri et Azzefoun dans les wilayas de Boumerdes et Tizi Ouzou, en arrivant à Annaba, à l’Est du pays, la dynamique de la construction et la réparation navales est très perceptible.

Au port de Honaïne, on accélère la cadence pour respecter l’engagement de livrer les deux thoniers de 37 mètres, en cours de construction en mars 2023, avec l’entame de la campagne internationale de la pêche de thon, alors qu’à Zemmouri, on met les dernières retouches au thonier de 35 m dont la livraison est prévue «incessamment». A Azzefoun, le thonier de 34 m émerge de son moule et, à Annaba, on finalise les travaux d’installation des sites de réparation et de maintenance navales avec la perspective d’appuyer cette dynamique.
D’aucuns s’accordent à dire que l’Algérie, qui était historiquement leader dans la construction navale en bois dans le bassin méditerranéen, est en phase de récupérer son rang à la faveur d’un plan d’action du gouvernement qui vise à ressusciter un secteur souverain porteur de richesse et d’emplois. La construction navale suit de manière générale la stratégie du secteur de la pêche, et la volonté politique de faire du secteur un pilier de la sécurité alimentaire a carrément propulsé l’activité de la construction et la réparation navales et a capitalisé le savoir-faire en la matière de plusieurs sociétés, assurent, à l’APS, Boualem Haddouche, directeur de CORENAV de Boumerdes et Boudjemaa Amar, co-gérant de Techno naval, de Tlemcen, deux sociétés spécialisées dans la construction et la réparation navales.
Ces professionnels de la pêche affirment que beaucoup d’actions ont été entreprises, ces dernières années, par les autorités du pays dans le cadre de cette volonté à redynamiser et valoriser le domaine de la construction navale. «A CORENAV, nous avons œuvré à accompagner la filière émergente de l’aquaculture en prenant des commandes de construction de catamarans et de chalutiers de 18 et 21 mètres qui ont connu beaucoup de succès de par leur qualité et leur prix», assure M. Haddouche, soulignant que la fierté de la société, opérationnelle depuis 1982, demeure la construction et la livraison, en mai dernier, des deux premiers thoniers (de 35 mètres) de fabrication algérienne. «Les deux premiers thoniers réalisés par des compétences algérienne, de l’architecte naval qui a conçu le plan des navires au petit manouvre, ont conforté le savoir-faire dans les métiers de construction navale et leur participation avec succès à la dernière campagne internationale de pêche de thon rouge a consolidé le plan d’action du secteur», s’enorgueillit-il. A Techno naval, une société montée par deux architectes et un ingénieur navals, qui capitalise une vingtaine d’années d’expérience dans le domaine, les chantiers de deux thoniers de 37 mètres destinés à la pêche hauturière se poursuivent, en parallèle à un projet d’un troisième thonier (de 37 m aussi), dont les études techniques ont été finalisées, l’entame du chantier étant arrêtée pour octobre en cours.

L’industrie navale, le canevas des intervenants se dessine

Et pour venir à bout du problème du foncier, qui freinait le développement de cette activité, le directeur central de développement de la Pêche au ministère de la Pêche et de la production halieutiques M. Amar Boulacel avance qu’une commission interministérielle a pris le dossier en main pour arriver, après investigations de terrain, à travers les 14 wilayas côtières à dégager du foncier. «L’opération s’est soldée par l’octroi de15 lots de terrains dans les ports, 11 lots dans les zones industrielle et 11 dans les zones de la pêche pour les besoins d’extension et pour des porteurs de projet dans 12 wilayas», souligne-t-il en assurant que «le problème du foncier ne se pose plus».
La deuxième étape de la stratégie de développement de la construction et la maintenance navales était d’identifier la ressource humaine et les compétences intervenant dans le domaine afin de créer «un écosystème complet» qui permet à la filière d’évoluer et de passer en matière de taux d’intégration de 60% actuellement à 90% en 2024, selon la stratégie mise en place.
Grâce à des partenariats élargis, le premier moteur marin de fabrication algérienne était sorti, au début de l’année, de l’Entreprise de construction des moteurs «Emo» de Constantine, des sociétés de fabrication de câbles marins à Biskra et Mostaganem et le réseau de sous-traitance dans le domaine se dessine, relève-t-on. «Avant décembre prochain, un atelier sera organisé pour mettre en place la base de données des intervenants dans la construction et la sous-traitance navale avec la finalité de rapprocher les secteurs privé et public de la filière pour des meilleurs résultats sur le terrain», révèle M. Boulacel qui affirme que l’exportation de deux chalutiers de fabrication algérienne vers la Mauritanie, en mars dernier a conforté la démarche adoptée pour le développement du secteur.
La maintenance navale,
un manque à gagner annuel de 300 millions
de dollars
Dans le volet de réparation et de maintenance navale, les chantiers s’installent progressivement sur la bande côtière, depuis le port d’El Ghazaouet à l’ouest jusqu’à El Tarf, à l’extrême est du pays. A Annaba, deux projets de création d’ateliers de réparation et maintenance navale sont en cours, assure le directeur local de la pêche et de l’aquaculture (DPA), Azzedine Boukazia affirmant que les investisseurs sont des «professionnels du domaine qui bénéficient de toute l’attention et les facilitations».
A Tlemcen, deux projets de construction et de maintenance navale au port de Sidna Youchaa, destiné aux activités de la pêche hauturière sont en cours de concrétisation dont un sera opérationnel «d’ici novembre prochain», relève le DPA local, Sahnoune Boukabrine alors qu’à Boumerdes, les ateliers de maintenance navale sont déjà opérationnels, souligne le DPA, Hamza Habbache Selon M. Boulacel, la mise en place d’un réseau de réparation et de maintenance navale à travers les ports du pays ambitionne de récupérer un manque à gagner annuel qui avoisine 300 millions de dollars.
«L’Algérie est membre du mémorandum de Malte qui lui donne le droit de contrôler 15% des navires de commerces étrangers qui accostent dans les ports algériens. Le renforcement du réseau de la maintenance navale consolidera une activité qui génère, en moyenne, 300 millions de dollars par an», soutient-t-il. L’année dernière, 84 navires de pêche ont été construits et réceptionnés en Algérie, alors que 16 navires on été construits durant le premier semestre 2022.

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