EDITO

Un peuple mature

Aujourd’hui, les Algériens commémorent le 35e anniversaire des événements d’octobre 1988. Ils ont eu le temps de méditer leur puissance lorsqu’ils agissent dans l’unité. Et pour cause, le combat libérateur, la libération elle-même et l’ouverture démocratique n’ont été possible que grâce à l’adhésion de tout le peuple. Les élites ont certes montré la voie, mais il a fallu que la société y croie et accepte de payer le prix pour que le rêve des philosophes et des politiques devienne réalité.

Depuis l’antiquité, l’Algérie s’est construite à coup de révolutions et de résistances héroïques. La dernière en date est cette formidable démonstration d’unité, de pacifisme et de patriotisme  brandi à la face du monde un certain 22 février 2019. Les millions d’Algériens qui ont battu le pavé ont retenu les leçons d’octobre 88. Ils n’ont pas rompu avec l’esprit revendicatif, mais simplement biffer la violence de leur discours et actes politiques. Le slogan « Djeich Chaab Khawa khawa » en disait assez sur leur extraordinaire maturité. 35 ans après, les événements d’octobre cela a du sens. Il en a tellement que dans l’intervalle, l’Etat a compris lui aussi, l’importance de la voix citoyenne, du respect qu’elle doit susciter. Cet Etat qui se souvenait des manifestations du 11 décembre 1960 et de la grève des huit jours, en 1958. A l’époque déjà les Algériens faisaient société et rêvaient d’une grande nation. L’attitude des forces de l’ordre dans la gestion des manifestations de 2019 était exemplaire à bien des égards.

Cette attitude de grande cohésion entre le peuple et ses élites est le fruit d’un âpre combat mené contre  un terrorisme barbare et inhumain. Les Algériens ont compris et fait comprendre au reste de l’humanité pour la seconde fois en 30 ans,  à quel point la lutte pour  la liberté et la sauvegarde des  vies humaines.

Maintenant sur ces 61 ans d’indépendance, certains cercles très intéressés, tentent de vendre au monde l’image d’un peuple violent, stressé, psychologiquement fragile et infréquentable. Ces milieux qui vouent une haine féroce  à l’Algérie et aux Algériens, s’arrêtent sur les émeutes d’octobre 1988 et de la décennie de la lutte contre le terrorisme comme principale matrice à leurs discours. Ils veulent maintenir l’idée selon laquelle, l’Algérie est un très mauvais choix pour les peuples de la terre, même ceux des pays développés. Ce discours qui a couru la planète a été battu en brèche par le Mouvement populaire du 22 février 2019, des grandes démonstrations de solidarité,  de tolérance et d’hospitalité dont sont témoins les visiteurs étrangers.

C’est là,  la véritable image de l’Algérie. Mais cela n’empêche pas les Algériens de revendiquer les événements d’octobre 1988, la lutte contre le terrorisme durant la décennie 90, le printemps noir de 2001 et considérer tous les citoyens morts durant ces événements de martyrs de la République et de la cohésion nationale.

Par Nabil.G

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