Quartier de Sidi el houari: un avenir urbain incertain…
Il faut bien admettre aujourd’hui que la ville d’Oran a été ravagée des décennies durant par les fléaux de l’incivisme et de la clochardisation urbaine.
Avec une croissance démographique et une «exode» importante de population vers la grande ville, les besoins en infrastructures sociales, éducatives et sanitaires n’ont pas cessé d’augmenter et d’accroître les déficits en infrastructures dans presque tous les domaines.
Oran, affirment des experts en urbanisme, est aujourd’hui «à bout de souffle», asphyxiée dans bon nombre de quartiers et de grandes cités d’habitat par le manque d’hygiène et les défaillances de gestion de l’entretien et de la maintenance urbaine.
La collecte des ordures ménagères, les réseaux d’écoulement des eaux usées et des eaux pluviales, l’entretien des plantations et des espaces verts, le ravalement des façades ou encore la remise en état des trottoirs défoncés et des routes jonchées de trous, de tranchées et de «dos d’âne» anarchiques improvisés, accentuent ici et là la laideur d’un décor banalisé.
Comment, dans de telles conditions, peut-on croire que les vieux quartiers historiques tels que Sidi El Houari, Scalera, ou Ed Derb pourraient un jour être sauvés et épargnés du naufrage urbain inscrit en fatalité dans les entrailles de la cité.
On sait pourtant que le quartier de Sidi El Houari est un musée à ciel ouvert devant être protégé et préservé.
Mais malgré les discours et les jérémiades collectives au chevet du patrimoine historique, Sidi El Houari ne cesse depuis des décennies de connaître les effondrements et l’effritement de son vieux bâti.
La Mosquée du Pacha, Ksar el Bey ou encore ce grand Hôpital Baudens abandonné alors que certains anciens décideurs locaux parlaient en faire le siège d’un observatoire régional de l’environnement, sont autant d’exemples illustrant la faillite et le renoncement.
Tandis que certains acteurs sociaux en quête de «notoriété» ne cessent de faire l’éloge des médiocrités et parlent abusivement d’attractivité du quartier et de promotion du tourisme, les alentours de la vieille église St Louis et d’autres sites historiques offrent un décor de désolation et une ambiance de crainte et de morosité très peu favorable aux visites et aux balades urbaines organisées si toutefois elles pouvaient exister.
Sous d’autres cieux, des vieux quartiers inscrits au patrimoine urbain d’une grande ville ont fait l’objet de grands projets d’aménagement incluant une dynamique de réappropriation de l’espace urbain par des structures de base tels que des hôtels, restaurants, cafétérias, et petits commerces d’artisanat divers favorisant l’animation sociale et le plaisir de découvrir un site dans la joie et la convivialité.
C’est bien là tout le sens de la formule «redonner vie à un vieux quartier».
Malheureusement, depuis l’indépendance, aucun décideur local de passage, ni aucun élu gestionnaire à la grande Mairie d’Oran, elle-même décrépie et encore abandonnée, n’a réussi à mettre en oeuvre une véritable stratégie de réhabilitation visant à redonner vie au quartier historique de Sidi El Houari.
Seuls le relogement des occupants d’immeubles à risque d’effondrement et les discrètes convoitises et tractations sur le foncier récupérable, animent des polémiques stériles sur l’avenir urbain du vieux quartier plus que jamais aléatoire incertain.
Par S.Benali