Oran Aujourd'hui

«Harragua» : un rêve de nouvelle vie dans un eldorado illusoire…

On a appris la semaine dernière que les services de la Gendarmerie nationale de la wilaya d’Aïn Témouchent ont mis en échec des tentatives d’émigration clandestine et arrêté 51 individus au cours de plusieurs opérations. Parmi les personnes arrêtées figurent une bonne dizaine de «passeurs», organisateurs-prestataires de services de migrations clandestines, dont deux Marocains. Selon la cellule de communication de la Gendarmerie nationale cinq (5) embarcations pneumatiques, un yacht de plaisance, cinq (5) moteurs , 24 jerricans contenant 545 litres d’essence, trois (3) gilets de sauvetage, trois (3) boussoles, deux voitures, une somme d’argent de 9.685 euros, et 20 téléphones portables, ont été saisis lors de ces différentes opérations de lutte contre les bandes mafieuses de trafic de migrants. Le fléau des tentatives d’émigration clandestine, bien connu sous le vocable de «Hargua», n’a donc pas cessé de proliférer malgré les sévères sanctions pénales et le renforcement du dispositif et des procédures mises en place pour l’éradiquer. Il suffit de consulter sur internet les archives de la presse oranaise sur le sujet pour se rendre compte qu’il ne se passe pas une seule semaine, surtout en été, sans que les services de sécurité concernés n’annoncent que des tentatives de traversée de la mer vers les cites espagnoles ont été déjouées. Ou que des énergumènes, organisateurs au profil mafieux ont été arrêtés. Ou que des drames sont signalés avec la mort de candidats à la harga noyés. Ou que des plus chanceux ont été interceptés au large des côtes par les brigades des gardes côtes. Depuis le début de l’année 2024 en cours, des dizaines d’opérations ont été menées par les services de sécurité pour empêcher une traversée et appréhender l’organisateur. Les brigades de lutte contre l’immigration clandestine dans les wilayas côtières d’Oran, Mostaganem et Ain Témouchent multiplient les interventions pour mettre en échec les trafiquants. Parfois même c’est des victimes d’arnaques et d’escroquerie montées par de vrais ou présumés passeurs qui viennent déposer plainte après avoir été dépossédés de plusieurs millions de centimes. Des sommes payées aux passeurs qui peuvent dans certains cas atteindre plus de 1 millions de dinars par candidat pour une traversée à très grande vitesse dans une embarcation confortable. Depuis toujours, les organisateurs des hargas interdites n’hésitent pas à mettre en danger la vie de jeunes, de femmes et même parfois même d’enfants mineurs ou de bébés. Avec le temps, de véritables réseaux mafieux activant dans ce créneau juteux des traversées clandestines vers les côtes espagnoles se sont consolidés et implantés dans presque toutes les communes du littoral. On se souvient, il a quelques années de ce réseau démantelé à Mostaganem qui disposait même de son propre atelier de fabrication et de vente d’embarcations à d’autres organisateurs de traversées clandestines. Selon des statistiques, on estime que chaque mois en moyenne, prés d’une centaine de jeunes sont candidats à une traversée clandestine, parfois suicidaire, à partir des seules côtes oranaises. Mais combien d’entre eux arrivent à bon port et réussissent un projet de nouvelle vie dans un eldorado illusoire?

Par S.Benali

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page