Oran Aujourd'hui

Patrimoine architectural : à quand la réhabilitation des anciens monuments?

La Mosquée Abdallah Ibn Salam, ancienne synagogue d’Oran située face au vieux quartier juif connu sous le nom de «Ederb» a bénéficié d’un chantier de réhabilitation et de restauration, le deuxième en l’espace de vingt ans. Habitants et riverains ne cachent pas leur satisfaction et soulagement de constater qu’ils pourront désormais se rendre à la prière du vendredi sans crainte ni angoisse suscitée à la vue d’un mur lézardé, de revêtement effrité et d’un décor interne bien détérioré.
D’autant plus que cette Mosquée Abdallah Ibn Salam avait déjà bénéficié auparavant d’un projet de restauration que l’on disait crédible et conséquent. Non loin de là, le bel édifice du siège de l’Hôtel de ville aux deux lions est resté fermé depuis dix ans pour effritement et délabrement de l’enceinte intérieure.
Le monument, situé à proximité du vieux quartier Derb, un site de vieux bâti menaçant ruine, a été, avec le temps, installé lui aussi dans l’inconscient collectif au registre du patrimoine immobilier à haut risque d’effondrement. Le cabinet du Maire a été délocalisé dans ce qui devait être il y a dix ans un centre culturel de proximité aménagé sur l’ancien site du grand magasin «prisunic» au bd Emir Abdelkader.
Autant d’improvisations et de paradoxales qui alimentaient les polémiques et les critiques du vieux système de gestion des espaces urbains à Oran.
Le fléau du «vieux bâti» n’allait pas épargner certains sites et monuments historiques notamment dans le quartier de Sidi El Houari touché par les glissements de terrain et la fragilisation du sous-sol par les ruissellements d’eaux souterraines.
Selon un expert oranais, l’ancienne piscine Bastrana, tout comme la belle petite mosquée du Pacha mitoyenne, seraient victimes en cet endroit d’une instabilité du sous-sol sur ce terrain en pente du vieux quartier. Les Oranais, parmi les plus âgés, se souviennent que pas moins de trois opérations de réhabilitation de l’ancienne piscine ont été jadis annoncées et engagées durant les années 70 et 80. En vain, car c’était sans compter à l’époque sur le culte du laxisme, de l’incompétence et de la prédation qui régnait en matière d’engagement et de suivi de certains projets locaux d’aménagement urbain.
Bon nombre d’Oranais soulignent sur les réseaux sociaux que le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, dès le lendemain de son élection, avait à juste titre insisté sur l’importance des projets de réhabilitation et de restauration des vieilles mosquées en état de délabrement. A ce jour, malgré les nombreuses annonces, la Mosquée du Pacha, un bijou architectural de la période ottomane, n’a jamais pu être sérieusement prise en charge par les walis qui se sont succédé à Oran.
La semaine dernière, des responsables communaux ont annoncé qu’une étude a été lancée pour la restauration de la mosquée du Pacha et qu’une enveloppe «a été dégagée pour des travaux urgents de restauration des annexes ainsi que du minaret».
Mais encore une fois, personne n’évoque le nécessaire drainage des écoulements d’eaux souterraines qui fragilisent le sol en plusieurs endroits.
On ne réhabilite pas un monument en colmatant simplement des fissures dans les murs et en rafraîchissant la peinture des plafonds…
Par S.Benali

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