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Comment changer les pratiques et les mentalités?

Bon nombre d’experts des marchés publics ne cessent de dénoncer la pratique des «prix cassés» utilisée par certains opérateurs intervenant dans le BTPH afin de décrocher des contrats notamment dans le domaine de la réalisation ou de la réfection de routes sur le réseau urbain et périurbain. Une pratique connue, qui pèse lourdement sur la qualité des travaux et la durée de vie des ouvrages, mais qui n’empêche pas les pouvoirs publics, à travers les commissions de marchés, de choisir et retenir des entreprises et des sous-traitants peu soucieux des règles et de la déontologie du métier. Ces présumés opérateurs ne recherchent en réalité qu’à gonfler leur bénéfice en réduisant au maximum leur charges, et le coût de leur prestations, en utilisant les matériaux les plus médiocres et donc les moins chers et une main-d’œuvre bon marché très peu qualifiée. Et cela se vérifie facilement à travers l’état des lieux de certains projets réceptionnés dans des conditions de malfaçons et de médiocrité alarmante. II suffit d’observer, après quelques semaines d’utilisation ou quelques chutes de pluie la dégradation d’une chaussée, l’affaissement d’un trottoir, la défaillance de l’étanchéité du toit dans une école, les pannes de chauffage, voire même les rafistolages opérés en peinture d’immeubles et en maçonnerie, et déclarés dignes d’un professionnalisme avancé. Et cela sans parler des réseaux d’information et d’influence qui semblent bien contrôler la distribution des marchés de travaux divers au niveau d’une collectivité locale. Ce qui fait dire aux mauvaises langues locales qu’en matière de procédures de lancement et d’attribution de certains marchés le «jeu est souvent truqué» au profit d’une poignée de prestataires bien installés dans les rouages d’une administration plutôt dépassée. Bon nombre d’observateurs pointent également du doigt les modalités de publication des fameux «appels d’offre» à travers la presse, mais qui en grande majorité ne concernent surtout que des «avis d’attribution provisoire de marché», des annulations des «erratums» ou des «mises en demeure d’achèvement» de certains travaux lancés parfois depuis des années. Au niveau des commissions de marché, la règle du «moins-disant» a été soit-disant remplacée par celle du «mieux-disant» afin de fermer la porte à toutes sortes d’escrocs et de médiocres prestataires. Malheureusement, les maîtres d’ouvrage concernés se montrent plutôt réticents à écarter le soumissionnaire le moins cher, en invoquant le déficit de garantie de qualité. Et cela pour différentes raisons liées en partie à des «réflexes d’auto-préservation» face aux risques de mauvaises interprétations des initiatives, aussi performantes soient-elles. Comment changer les pratiques et les mentalités dans cette arène truffée de défaillances et de magouilles organisées ?
Par S.Benali

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