En dépit d’un forcing diplomatique et d’une intense campagne médiatique, le Maroc a essuyé un cuisant échec dans ses efforts auprès des autorités espagnoles visant à salir l’image du président sahraoui Brahim Ghali suite à son séjour dans la péninsule ibérique. Le second échec pour le Maroc est le démenti apporté par Washington à propos du lieu des exercices militaires d’Africom.
L’ affaire du président sahraoui et celle du démenti des USA à propos d’une participation supposée à des manœuvres dans les territoires occupés, constituent pour le royaume chérifien deux revers cinglants en un jour.
Dans l’affaire qui concerne le président sahraoui, la justice espagnole a reconnu que le concerné ne devait, en aucun cas, être cible de mesure judiciaire et les plaintes contre lui ont été classées sans suite. Cette décision émane de la Haute Cour d’Espagne qui a affirmé mardi qu’il n’y avait pas lieu de prononcer la détention provisoire, ni tout autre type de mesures préventives contre le président sahraoui Brahim Ghali. Sur la base des affirmations de la justice espagnole, M. Ghali étaitdésormais libre de ses mouvements.
Hospitalisé en Espagne depuis le 18 avril dernier après avoir été contaminé par la Covid-19, le président Sahraoui est visé par une plainte au sujet d’un supposé crime de guerre. Après avoir étudié le dossier d’accusation, la justice espagnole a affirmé que celui-ci est dépourvu de preuves à même de corroborer les propos des plaignants. En réaction à l’accusation visant le président Brahim Ghali, les autorités sahraouies ont indiqué que la plainte avait été créée de toutes pièces, par les services marocains, afin de porter atteinte à la lutte du peuple du Sahara occidental.
Les visées du Maroc à travers les accusations contre le président Brahim Ghali ont pour objectif «d’exterminer le peuple sahraoui, la confiscation de ses droits et l’annexion de sa terre», a réagi la Présidence de la République arabe sahraoui démocratique (RASD), dans un communiqué. «La volonté de l’occupant marocain d’exterminer le peuple sahraoui (…), la confiscation de ses droits et l’annexion de sa terre sont les motivations à l’origine des récentes actions incontrôlées du Makhzen alaouite qui pense pouvoir faire passer sa propagande mensongère», indique la même source.
Dans son communiqué publié le même jour, la présidence sahraouie signale, en outre, que le président Brahim Ghali, «n’ayant rien à dissimuler» avait accepté de répondre volontairement aux questions du juge espagnol. «Il n’y a pas de doute que cette démarche historique marquée du sceau de la noblesse, de la fierté et de l’éthique mettra à nu les contre-vérités, la falsification et la malhonnêteté des services de l’occupant qui sont derrière ces accusations», explique le même document. Pour la RASD, le Maroc, à travers son appareil de propagande, veut «montrer le bourreau dans les traits de la victime». «La décision de coopérer avec la justice espagnole émane aussi de la conviction du Front Polisario et du gouvernement de la RASD de la nécessité pour le peuple sahraoui de triompher face à la propagande de l’occupant qui souhaite «montrer le bourreau dans les traits de la victime», poursuit le communiqué.
Outre l’échec cuisant dans l’affaire du président Sahraoui, le régime du Makhzen a essuyé un second revers qui n’est pas des moindres. Ainsi, le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), a apporté un démenti aux allégations du chef du gouvernement marocain Saad-Eddine El Othmani, selon lesquelles les États-Unis participeront à des exercices militaires dont certains auront lieu dans les territoires occupés.
Ce démenti de l’Africom constitue le deuxième coup dur encaissé par le Maroc. Alors que Saad-Eddine El Othmani a indiqué que les exercices militaires américano-marocains «African Lion 2021», prévus du 7 au 18 juin courant, auront lieu en partie dans le désert du Sahara occidental occupé, l’Africom affirme que les exercices sont prévus au Maroc. Selon les déclarations du porte-parole de l’Africom, le colonel Christopher Karns, les exercices se dérouleront «à travers le Maroc, de la base aérienne de Kenitra, au nord, à Tan-Tan et au complexe d’entraînement de Guerir Labouhi au sud», soit dans les frontières internationalement reconnues du royaume, excluant les territoires sahraouis occupés.
Dans le même contexte, une porte-parole du Commandement central de l’Africom, Bardha Azari appuie les déclarations du colonel Christopher Karns. Mme Azari a affirmé mardi dernier à l’agence de presse espagnole (EFE) que les exercices s’étendent «de la base aérienne de Kénitra, au nord, aux zones d’entraînement de Tan-Tan et Guerir Labouhi au sud». Pour sa part, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, a indiqué qu’il «n’y aura pas de manœuvres conjointes au Sahara occidental dans le cadre des manœuvres +African Lion 2021+ auxquelles des forces américaines participeront». Il a précisé que ces manœuvres vont se dérouler au sud du territoire marocain et à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du Maroc.
À rappeler que le chef du gouvernement marocain avait soutenu, dans un tweet, que les manœuvres militaires internationales allaient se dérouler en partie dans les territoires sahraouis occupés «consacrant», selon lui « la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental» occupé. Un tweet qui a été supprimé dans la journée de mardi dernier.
Le Maroc est allé trop loin dans la manipulation et le mensonge qu’il a voulu ériger en une nouvelle stratégie diplomatique, mais tout s’est effondré sur sa tête, et sas agissements de bas étage ont fini par agacer plusieurs capitales dans le monde, y compris celles qui sont ses premières alliées comme Paris, qui a très peu apprécié le chantage qu’a voulu exercé Rabat sur un membre influent de l’Union Européenne qu’est l’Espagne. Un cumul d’erreurs qui a fini par discréditer totalement un pays aux aguets, qui a déjà perdu toute estime dans le monde arabe depuis son rapprochement avec Israël, et qui aujourd’hui récolte la tempête du vent qu’il a voulu semer en Europe avec son chantage migratoire.
Samir Hamiche