Les Éloges des tâtonnements
Selon un communiqué publié sur la page Facebook de la SEOR, Société de l’eau et de l’assainissement d’Oran, plusieurs pannes survenues sur le réseau électrique alimentant la station de dessalement d’eau de mer d’El Mactaa et la station de pompage de Hassi Benokba ont été enregistrées ces derniers jours. Ces pannes dans l’alimentation en énergie auraient ainsi entraîné des coupures d’alimentation en eau potable et des perturbations dans le programme de distribution du précieux liquide à travers les quartiers de la ville.
On aurait pu penser que c’est la Sonelgaz qui devrait s’excuser pour ces désagréments causés aux ménages oranais, mais c’est bel et bien la SEOR elle même qui explique l’origine de ces pannes d’alimentation en courant électrique liées aux conditions météorologique, notamment le taux d’humidité très élevé. Pour rassurer ses abonnés, la SEOR a tenu à affirmer dans son communiqué que «des équipes techniques travaillent d’arrache-pied pour réparer les dysfonctionnements signalés et rétablir, dans les plus brefs délais, l’énergie électrique au niveau des deux équipements hydrauliques concernés.» Mais, paradoxalement, cela a semble-t-il accentué le doute et le scepticisme sur l’évolution de la crise de l’eau potable à Oran. Les «mauvaises langues» locales se demandent en effet comment éviter à moyen et à long terme ce genre de panne électrique pouvant mettre à l’arrêt les stations de dessalement existantes ou en projet, prévues pour combler le grand déficit en ressources hydriques.
Avec la sécheresse, l’envasement des barrages dû au manque flagrant de maintenance efficace et régulière, la vétusté des réseaux urbains d’alimentation en eau potable, l’absence de stratégie globale de suivi et de maintenance des projets, et le laxisme ambiant en constante propagation, on ne peut que s’inquiéter des prochaines situations de pénuries provoquées par les pannes d’alimentation en électricité. Il y a près d’une vingtaine d’années, lorsque le projet d’adduction au Guarguar et le couloir d’alimentation dit «MAO» (Mostaganem Arzew, Oran) a été inauguré, le discours officiel était truffé de non-dits, de mensonges par omission et d’éloges des tâtonnements. On se rend compte aujourd’hui que ce projet faisait l’impasse sur la croissance démographique et la hausse des besoins en irrigation agricole.
Sans parler de certaines malfaçons et erreurs de conception dénoncées par des experts oranais du secteur aujourd’hui en retraite. La Seor et la Sonelgaz, les deux principaux opérateurs concernés par la crise de l’eau potable, auront beau faire des excuses aux citoyens et permettre une prise en charge sérieuse des besoins et des attentes, rien ne risque de changer sans une sérieuse remise en cause des normes de gouvernance héritées de l’ancien système obsolète et défaillant dans tous les secteurs…
Par S.Benali