Région

Décédé à l’âge de 78 ans:
Ahmed Banaissa, un autre pilier de la culture algérienne s’en va

Avec une «gueule» taillée pour les écrans de cinéma et une voix qui fait vibrer les théâtre de l’orchestre au dernier balcon, il a voué 50 ans de sa vie, et même ses tous derniers jours, à l’écran et aux planches pouvant contenir son immense talent et son besoin viscéral d’exprimer son art, Ahmed Benaissa, un autre pilier de la culture algérienne a tiré sa révérence vendredi.

A 78 ans, celui que l’on surnommait affectueusement «Ben» était encore entrai de présenter sa dernière oeuvre, «Goutte d’or» du réalisateur français Clément Cogitore au festival de Cannes inaugurée mardi. Il aura mis son talent au service de nombreux réalisateurs algériens comme Sidali Mazif pour «Leila et les autres», Benamar Bakhti pour son immense succès «Le clandestin», Merzak Allouache pour «Normal!» et «Harraga», Mounes Khemmar pour «Le dernier passager» et le clip «Ayam» de Warda El Djazairia, ou encore dans le registre historique Ahmed Rachedi pour «Mostefa Ben Boulaïd» et «Krim Belkacem» et Rachid Bouchareb pour «Hors la loi». Plus récemment il a aussi campé des rôles dans «Papicha» de Mounia Meddour, «Le sang des loups» de Ammar Sifodhil, en plus d’apparition remarqué dans des productions pour la télévision. Sur les planches du théâtre, où il a commencé sa carrière en 1964, il aura également côtoyé des légendes du 4e Art algérien comme Kateb Yacine, Azzeddine Medjoubi, Mohamed Boudia, Mhammed Benguettaf, Sonia ou encore Allel El Mouhib et aura souvent joué à Alger et à Oran avant d’assurer la direction du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes en 1995, pendant la décennie de violence terroriste qu’a connu l’Algérie. Connu pour sa modestie et sa générosité avec les jeunes talents, Ahmed Benaissa aura encadré de très nombreux jeunes dans le cinéma et le théâtre où il avait monté le projet de la pièce de théâtre «Nedjma», avec une troupe essentiellement composée de comédiens amateurs pour, disait-il, «présenter l’oeuvre de Kateb Yacine sous une forme plus accessible et surtout en arabe dialectale comme l’auteur le faisait avec toutes ses oeuvres». Passionné de littérature algérienne et universelle, il a plus récemment participé en France à une adaptation du roman «Meursault, contre-enquête» du romancier Kamel Daoud. En France il est également connu pour avoir joué dans de nombreux films dont «Les cinéphiles» de Laurent Germain Maury, «Mon colonel» de Laurent Herbiet, «Les portes du soleil» de Jean-Marc Minéo, «Les territoires» et «Frères ennemis» de David Oelhoffen avec le talentueux Réda Kateb. Dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji regrette la perte d’un «monument» de la culture algérienne qui s’en va en laissant «une empreinte indélébile dans le monde du cinéma et du théâtre algérien». Ahmed Benaissa, qui a été foudroyé par un malaise à Cannes en France, lors d’une des plus importantes manifestations cinématographiques mondiales, sera inhumé en Algérie, selon son fils.

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