Oran

Aïn El Türck – prolifération des stations de lavage : les enquêtes commodo et incommodo sont-elles, toutes, conformes ?

La prolifération des stations de lavage de voitures dans la commune d’Aïn El Türck, et plus précisément dans les quartiers résidentiels, soulève inéluctablement la question de l’enquête préalable dite « commodo et incommodo », comme elle soulève, fatalement, la question de l’environnement.

Certes, l’activité est, vis à vis de la loi, tout à fait légale, mais est-elle réglementée au point de répondre aux normes environnementales et sanitaires, dans la mesure où, l’exploitation d’une station de lavage automobile est soumise à diverses dispositions dont celles du Code de la santé publique et du Code de l’environnement ? Il est clairement stipulé dans la réglementation que les eaux usées issues de ces stations, ne peuvent pas être renvoyées dans le réseau traditionnel si elles ont un pH inférieur à 5,5 ou supérieur à 8,5, ou une température supérieure à 30°C, et des matières en suspension dépassant les 600 mg/L (100 mg/L pour un rejet dans la nature).

Administrativement cette fois-ci, le rejet des eaux usées dans le réseau public de collecte est soumis à une demande d’autorisation soit au maire soit au président de l’établissement public à qui la compétence en matière de collecte a été transférée. Aussi, tout code de l’environnement précise la stricte interdiction de déverser dans les eaux souterraines, superficielles et les eaux de mer des huiles de moteurs. Qu’en est-il-il de toutes ces dispositions, quand des stations de lavage sont opérationnelles en nombre désopilant dans quasiment tous les quartiers de la commune d’Aïn El Türck, et notamment dans des quartiers classés comme étant résidentiels, au sein même des habitations individuelles, généralement. Or, la zone résidentielle désigne une zone urbaine appartenant à un quartier où l’habitat est la fonction prépondérante et où l’espace public est conçu pour être partagé dans la perspective d’une véritable coexistence des différentes catégories d’usagers.

Les piétons y sont prioritaires et les jeux d’enfants autorisés. D’où, la promulgation par le législateur de l’enquête préalable « commodo et incommodo », qui somme l’administration locale, avant la prise de certaines décisions, à recueillir les oppositions et les observations avant la réalisation. A priori, cela ne semble pas fonctionner conformément à la stricte réglementation en vigueur, vu que tout citoyen disposant d’un puit ou de suffisamment d’eau courante, peut créer sa station de lavage en son domicile, ce qui est fortement le cas aujourd’hui dans la station balnéaire d’Aïn El Türck.

Une question pertinente se pose : où vont les eaux usées des stations de lavages, ou bien encore, celles-ci, recyclent-elles leur eau ? Théoriquement, le fonctionnement d’une station d’épuration des eaux usées desdites stations, s’opère selon une décantation dans des bassins appelés “clarificateurs”. Les boues se déposent au fond du bassin, sont pompées puis évacuées. L’eau est à ce stade débarrassée de plus de 90 % de ses impuretés. Elle est analysée puis rejetée dans le milieu naturel. Cependant, la théorie semble être loin de la réalité, puisqu’une virée dans les quartiers suffit pour voir au niveau de ces stations, des eaux usées noirâtres et toxiques dégoulinant sur la chaussée, et dont la grande partie finit dans le réseau d’assainissement de la commune, sans système de potabilisation qui aide au recyclage de l’eau.

Karim Bennacef

 

 

 

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