Aménagement du Grand hôtel… face à la rue de la Bastille
Bonne nouvelle: le projet de réhabilitation du Grand hôtel d’Oran est en voie de retouches et de finalisation. Cet établissement situé sur la place du Maghreb, ex-place de la Bastille, est longtemps resté fermé, délabré et livré à la dégradation avancée avant de connaître enfin des travaux de restauration et de réaménagement devant permettre sa réouverture.
Une nouvelle étape dans le long parcours de cet établissement âgé de près de cent et inscrit dans la mémoire oranaise à travers bon nombre d’événements et d’illustres personnages qui ont séjourné dans cet hôtel emblématique du centre ville d’Oran.
Un hôtel qui illustre aussi, malheureusement, le déficit de rigueur et d’efficacité de l’ancien mode de gouvernance et de gestion des espaces urbains, des infrastructures touristiques et des monuments prestigieux de la ville tels que le siège de la grande mairie, l’ancien Opéra, la Mosquée du Pacha ou le Palais du Bey.
Même la grande poste située sur cette même place du Maghreb est restée longtemps en état de décrépitude avant de connaître il y a une dizaine d’années un projet de restauration. Le Grand hôtel, un joyau architectural, a donc connu nous-dit-on, des travaux de réhabilitation portant sur la restauration de toutes ses structures, de ses fondations, jusqu’à son toit et ses plafonds.
Les Oranais se souviennent de sa belle entrée en escalier en marbre qui est longtemps restée dégradée, sale et même squattée par deux ou trois SDF dormant sur des cartons et de vieilles couvertures usées, dans des conditions odieuses d’hygiène et de sécurité.
Beaucoup d’encre a déjà coulé sur les causes et les conditions qui avaient conduit à l’abandon de cet établissement hôtelier pris en otage par les conflits, les carences et les paradoxes du vieux système de gestion des affaires locales.
Malgré ses 80 chambres et une dizaine de suites de haut standing, l’hôtel avait été déclaré «non rentable financièrement» puis proposé à la concession à un opérateur privé. Mais ce dernier ne pouvait que se désister face aux pressions de certains acteurs soutenus par des membres du syndicat qui refusaient toute idée de privatisation de l’établissement. Une crise qui allait trop durer, accentuant l’abandon et la dégradation de l’établissement en perte d’aura et de bonne réputation.
Les Oranais, parmi les plus âgés, aiment à rappeler que des personnages comme le général de Gaulle, la célèbre chanteuse Edith Piaf, et d’autres personnalités des sphères politiques et culturelles ont séjourné dans cet hôtel. Le dernier en date fut le défunt président Bouteflika qui avait entamé ici sa première campagne pour les élections présidentielles de 1999.
Mais comme frappé lui aussi par la fatalité des échecs et des renoncements, le Grand Hôtel d’Oran est tombé durant des années dans la spirale de l’oubli et de la clochardisation.
Aujourd’hui fort heureusement il semble vouloir renaître de ses cendres. Mais ses prochains clients, touristes ou visiteurs officiels de passage, auront le loisir de contempler de leurs balcons la misère urbaine étalée juste en face, à l’entrée de la rue et du marché ex-la Bastille en attente d’un projet de réhabilitation évoqué déjà depuis trente ans.
Par S.Benali