Oran Aujourd'hui

Le calvaire du «vieux bâti» à risque d’effondrement…

Chaque année, depuis plus de cinquante ans, les effondrements de plafonds, de murs, d’escaliers ou de toitures à travers les vieilles bâtisses menaçant ruine n’ont jamais cessé d’attiser la peur et le danger, semant parfois la mort et le deuil au sein de modestes familles en quête d’un toit décent. Malgré un manque de maîtrise évident des données et des statistiques officielles au niveau des services de l’habitat ou de l’OPGI concernés, la mémoire collective oranaise, notamment grâce aux archives de la presse locale, peut comptabiliser les trop nombreuses catastrophes meurtrières qui ont parfois décimé tous les membres d’une même famille. Seuls peut-être les services de la Protection civile ont le mérite de conserver et de gérer les photos et documents de leurs interventions qui résument à eux seuls l’Histoire urbaine dramatique de certains vieux quartiers populaires meurtris par le fléau. En 2014, il y a déjà six ans, six personnes ont été tuées dans des effondrements, dont quatre membres d’une même famille occupant une vieille bâtisse au quartier Carteaux. Un endroit qui avait déjà été frappé par des catastrophes de même ampleur quelques années auparavant, en 1989 et en 1997. Chaque année, depuis des décennies, les services de la Protection civile enregistraient en moyenne une bonne vingtaine d’effondrements et effondrements partiels, soit une moyenne de 2 effondrements par mois. Une moyenne qui a vertigineusement augmenté ces dernières années avec l’afflux massif de nouveaux squatteurs occupant les bâtisses en ruine. Et ce qui reste choquant et révoltant face à ce triste fléau devenu ingérable, est cette cruelle «acceptation» de l’échec, à ce «renoncement» collectif inscrit dans les présumées politiques locales de gestion de ce dossier qui pénalise douloureusement la capitale oranaise. Et pourtant, comme le constatent certains experts, si l’on devait comptabiliser tous les crédits dépensés en matière de réhabilitation du vieux bâti, ne serait-ce que pour la seule «opération de réhabilitation du quartier historique de Sidi El Houari» initiée il y a cinquante ans, on serait effaré par le montant global des enveloppes annuellement affectées et de l’argent public dépensé… De quoi construire plusieurs nouveaux quartiers affirment des experts avisés. En réalité, les politiques de replâtrage et d’improvisations engagées ici et là depuis des décennies montrent depuis longtemps leurs failles et leurs limites. Les Oranais, parmi les plus anciens, se souviennent des sommes considérables englouties tous les dix ans dans la réfection de vieux immeubles ou restauration de sites et monuments. Le palais du Bey, la Mosquée du Pacha, la promenade Létang, l’Hôpital Baudens, et bon nombre d’immeubles de Sidi el Houari ont bénéficié de manière cyclique de coquettes sommes devant servir à leur entretien et consolidation. Mais au final, le dossier du vieux bâti oranais, avec ses centaines de vieilles bâtisses menaçant de s’effondrer, est encore loin d’être maîtrisé et pris en charge avec le sérieux, la rigueur et la compétence exigée… Ainsi va Oran.
Par S.Benali

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