Oran Aujourd'hui

«Cachez-moi ce bidonville que je ne saurai voir…»

Lundi dernier, notre confrère à Ouest Tribune a judicieusement dénoncé dans un article la construction d’un mur de plusieurs mètres de long devant servir à cacher du regard un bidonville implanté sur un chemin de wilaya très fréquenté par les vacanciers et les autorités. Ce bidonville hideux, explique notre confrère, est situé au quartier Ibn Sina dans la commune de Bousfer, et n’a pas cessé de s’agrandir depuis sa «naissance» il y a plusieurs années. Il est aujourd’hui occupé par quelque 300 familles qui attendent toutes et espèrent un prochain relogement dans la cadre de la politique de résorption de l’habitat précaire.
En décidant de construire ce mur, les autorité municipales ont eu sans doute l’ «idée géniale» de pouvoir stopper l’extension du bidonville tout en «camouflant» l’hideuse façade de ces baraquements très peu conformes aux discours et aux promesses de modernité et de progrès social dans cette zone du littoral dédiée à la promotion du tourisme balnéaire. Selon notre observateur avisé de l’état des lieux dans la région, ce mur, aussi esthétique soit-il, ne permettra pas de régler la pénible situation des familles occupant ces habitations précaires, sans réseaux d’AEP ni d’assainissement, dans des conditions d’hygiène déplorables.
On peut en effet se demander si la construction de ce mur «cache misère» ne va pas contribuer à prolonger l’oubli et la marginalisation de ces familles vivant dans des conditions insupportables. Évoquant le sujet et ironisant sur la réalisation de ce «mur cache misère», quelques retraités, mauvaises langues assidues réunies au café du quartier, pointent du doigt la gestion financière de l’APC qui aurait pu faire l’économie d’une dépense inutile. Une dépense, spéculent certains d’entre eux, «ordonnée» par des «bien-pensants» qui, disent-ils, «croient pouvoir cacher le soleil avec un tamis». Au-delà des critiques, parfois il est vrai, injustes ou abusives, on doit bien admettre que les politiques de gestion locale des territoires sont encore loin d’être prises en charge par des experts et des compétences avérées. Bon nombre d’habitants dans certains quartiers d’Oran par exemple, ignorent à ce jour le nom et le visage de leur délégué urbain et encore moins celui de leur maire.
Des élus, placés aux commandes de la municipalité par la «grâce» et les paradoxes des conjonctures politiques partisanes, mais qui ne sont généralement ni urbanistes, ni architectes, ni ingénieurs, ni paysagistes, ni encore moins spécialistes en aménagement du territoire maîtrisant les flux de migration et de mobilité dans l’espace territorial concerné… «Cachez-moi ce bidonville que je ne saurai voir…»
Par S.Benali

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