Ces bidonvilles qui prolifèrent en toute impunité…
En Octobre 2012, il y a dix ans jour pour jour, l’Assemblée populaire de wilaya avait organisé une journée d’étude sur l’habitat précaire et les constructions illicites. Bon nombre de commentateurs avaient cru à l’époque que cette initiative allait peut-être aboutir à poser les jalons d’une véritable stratégie de gestion urbaine permettant d’éradiquer le fléau des bidonvilles. Mais on allait vite comprendre que ce «sujet de réflexion», consacré à la prolifération des bidonvilles, ne pouvait pas être isolé et traité en dehors du débat plus large sur les processus de croissance urbaine et de gestion des grandes villes telle que préconisée par les pouvoirs publics. Les nombreux séminaires, colloques, journées d’études et autres rencontres sur l’urbanisme et la croissance urbaine organisés au chevet de la ville ne s’inscrivaient en réalité qu’au seul registre des initiatives visant à entretenir les apparences sur la crédibilité, voire l’utilité, des assemblées locales élues censées assurer le fonctionnement d’une démocratie participative encore et toujours en chantier. Sans remettre en cause la sincérité des engagements et la «noblesse» des ambitions affichées, il faut bien reconnaître que rien, ou peu de choses, ont changé en ce domaine de gestion et d’organisation harmonieuse du cadre urbain oranais . Malgré les discours et les bilans affichés chaque année, la lutte pour l’éradication du fléau des bidonvilles est encore loin d’être gagnée. Pourtant les élus locaux et les gestionnaires concernés, en citoyens avisés, savent pertinemment pourquoi et comment les constructions illicites se développent et prolifèrent à travers les communes en toute impunité. Qui à Oran, ne peut pas citer au moins un exemple de bidonville «célèbre et réputé», ayant été plusieurs fois démoli après relogement des occupants puis de nouveau reconstruit pour accueillir de nouvelles vagues de familles en quête de logement. A l’image des sites de bidonvilles de Douar El Flalis, Douar Cheklaoua, la cité CUMO d’Es-Sénia, le «Virage» d’Ain el Beida, et bien d’autres baraquements. En 2012, il y a dix ans, un recensement officiel des bidonvilles dans la daïra d’Es-Sénia faisait état de près de 6 000 constructions illicites réparties sur une dizaine de sites. Et la semaine dernière, un bilan officiel élaboré par la même daïra d’Es-Sénia, indiquait que plus de 8.000 habitations illicites ont été répertoriées sur le territoire de la daïra… à Aïn El Beïda, au site Mouala, à Haouch Lesnabi, au bidonville de Hayat Regency, à Sidi El Bekkaï, à l’école Ennadjah, au site dit «Ponts et chaussées», et d’autres endroits accueillant quelques baraques, embryon d’un futur grand site de constructions sauvages érigées illicitement. Jusqu’à quand?
Par S.Benali