Ces bidonvilles qui prospèrent en toute impunité…
Il faut bien admettre que le fléau des bidonvilles reste encore «protégé» par des tabous et des non-dits aux contours politiciens, forgés par différentes conjonctures. Les Oranais, notamment les plus âgés, connaissent par exemple l’histoire et le parcours du douar «Cheklaoua», qui a battu le record de longévité des bidonvilles rasés et qui renaissent aussitôt de leurs ruines après relogement des occupants. Au lieu d’étre occupé par des équipements publics ou des projets structurants, le site du bidonville de Cheklaoua, démoli pas moins de quatre fois en l’espace de 35 ans, a toujours été réactivé pour recevoir de nouvelles familles en quête de logement. On sait hélas à quel point Oran a été maltraitée et marginalisée par une absence de vision et de volonté politique visant, jadis, à ruiner les rêves et les ambitions de la capitale de l’ouest. Les campagnes d’éradication des bidonvilles ne s’inscrivaient à l’époque qu’ au registre de la démagogie et des mensonges du vieux système de gestion perverti par le laxisme et la corruption à tous les étages. Des baraques de bidonvilles étaient démolies après recasement des occupants. Mais après l’opération le site n’était même pas débarrassé des parpaings, tôles ondulées, planches en bois et autres débris de construction. Aucun projet, de passage de route, de logement, de gare, d’école, de lycée ou autres infrastructures publiques n’était annoncé et lancé pour occuper l’espace libéré. Et la «nature ayant horreur du vide», l’habitat précaire était toujours de retour au même endroit. Dans la commune d’Es-sénia, célèbre pour ses bidonvilles irréductibles, même une cité universitaire désaffectée, la CUMO, a été squattée par des familles en quête de logement. Et il y a près de vingt trois ans, les occupants des chalets de la CUMO ont été relogés. Mais à défaut d’être démolie ou réhabilitée, l’ancienne cité universitaire a été de nouveau occupée par de nouvelles familles revendiquant un logement. On sait que même les chambres des chalets délabrés de la cité CUMO, depuis longtemps abandonnée par la direction des œuvres universitaires étaient «vendues» et revendues à prix d’or. Un trafic mis en place par d’obscurs barons de l’habitat précaire parfois infiltrés dans les rouages de l’administration locale. A l’époque, en mars 2013 à Es-sénia seul l’ancien chef de daïra, M. Belhadjazi El Ghali, alors en poste avait pointé du doigt et dénoncé courageusement les pratiques, et les acteurs, permettant au fléau des bidonvilles de prospérer en toute impunité… Et depuis, la vieille CUMO existe toujours. Jusqu’à quand ?
Par S.Benali