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Comment la présidentielle en France nous concerne

Les Français sont appelés, aujourd’hui, aux urnes pour élire leur prochain président. A moins d’une surprise très improbable, ce sera Emmanuel Macron qui gagnera un second mandat à la tête du pays. Auquel cas, cela voudra dire que les électeurs français ont, dans leur majorité opté pour la continuité, mais surtout rejeté l’option xénophobe portée par la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen.
La multiplication des partenariats avec de très nombreuses nations fera qu’en aucun cas, l’Algérie ne sera d’une manière ou d’une autre impactée au plan politico-économique. Il reste cependant qu’entre Alger et Paris, ce n’est pas simplement une histoire d’échanges intergouvernementaux. L’élément humain, le poids de la diaspora algérienne établie en France, l’histoire commune, les relents colonialistes d’une minorité au sein de la classe politique et médiatique française, constituent autant de facteurs qui nous obligent, nous autres Algériens à prêter attention à ce qui se passe en France en période électorale.
A quelques heures de l’annonce des résultats de ce scrutin, l’on perçoit une certaine sérénité en Algérie, sachant les chances réduites de voir l’extrême droite l’emporter. Il faut dire qu’à contrario, c’est-à -dire une victoire de Marine Le Pen, l’Etat français prendra, de fait, des postures hostiles envers tous les étrangers qui vivent en France. Une donne qui compliquera les relations entre Alger et Paris, mais pas seulement, puisque de très nombreux pays, africains principalement, seront d’une manière ou d’une autre impacté par une politique xénophobe de la France. Les Français ne sont pas assez fous pour se risquer dans une entreprise qui isolerait leur pays, remettrait en cause le travail de mémoire lancé par plusieurs présidents de la 5e République et scléroserait la pensée humaine, dans la nation qui a inventé l’universalisme.
Vu d’Algérie, cette élection passe pour un événement d’importance, au plan social et historique. La réconciliation des mémoires est une œuvre jugée nécessaire par les élites des deux pays. Ce n’est pas une démarche facile, mais elles est nécessaire. Avec Emmanuel Macron un bout de chemin a été parcouru. Il reste encore beaucoup à faire. A deux semaines de la commémoration du 77e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 et à 77 jours de la célébration de l’indépendance du pays, Algériens et Français ont le droit d’en finir une bonne fois pour toute avec un conflit mémoriel qui n’a que trop duré. Avec Le Pen, c’est la rupture totale. Avec Macron, l’espoir est permis, n’a-t-il pas qualifié la colonisation de crime contre l’humanité, avant que la faune des ultras ne se déchaîne pour retarder la réconciliation entre les deux peuples ? Notez que l’extrême droite ne fait que retarder l’inéluctable.
Par Nabil.G

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