Chantiers d’embellissement urbain : «Le diable se cache dans les détails»
Il fut un temps ou des rues, fraîchement «revêtues» d’un nouveau ruban de bitume coûteux, retrouvaient très vite leur lamentable état initial de dégradation. Où après chaque saison hivernale, des tranchées et des nids de poule grossièrement rafistolés réapparaissent pour forger le calvaire des automobilistes.
Où des trottoirs, plusieurs fois «refaits à neuf» se dégarnissent de leur carrelage de revêtement pour retrouver leurs trous, les bosses et leurs crevasses redoutées par les chevilles des passants. C’était il est vrai la vieille période néfaste de gestion des affaires locales durant laquelle des millions de dinars du budget communal étaient engloutis dans des travaux dits de maintenance urbaine qui suscitaient de légitimes colères et indignations.
Malgré les avertissements et les mises en garde officielles de quelques anciens décideurs locaux, de nombreux travaux étaient trop souvent réceptionnés malgré des erreurs, des malfaçons et des tricheries décelables à l’œil nu même par le citoyen profane. Aujourd’hui fort heureusement bien de données ont changé en faveur d’une meilleure maîtrise des politiques publiques locales et d’un élan indéniable vers une gestion rigoureuse, saine et transparente des projets et des chantiers lancés à travers les communes.
Des insuffisances, des malfaçons ou des défauts techniques sont identifiés à travers certains chantiers, comme par exemple celui de la réfection de l’étanchéité des toits d’une école primaire dans une commune de la wilaya où le chargé du suivi concerné a refusé de signer la réception conforme des travaux.
Selon un responsable communal, l’entrepreneur concerné à été esté en justice après son refus d’engager les travaux correctifs demandés. Il ne s’agit donc plus comme avant, pour les responsables locaux d’afficher simplement leur mécontentement et leur colère face aux tricheries et aux malfaçons constatées mais de passer à l’acte de sanctions afin de mettre un terme à la vieille ambiance de laxisme et d’impunité. Un défi qui est loin d’être facile compte tenu de diverses contraintes endogènes qui pénalisent encore le système de gestion, de suivi et de contrôle du respect des normes dans la réalisation des opérations engagées. Ici et là à Oran et à travers certaines communes et quartiers, des commentateurs pointent du doigt sur les réseaux sociaux, photos à l’appui, des anomalies criardes dans l’exécution de travaux d’aménagement urbains. A l’image de ce chantier de réfection des trottoirs et des allées entre les immeubles dans la zone USTO où toute notion de « d’esthétique, d’harmonie et de finition» ne semble guère exister dans le vocabulaire des chefs de projets et encore moins celui des ouvriers et manœuvres engagés.
D’un côté de la chaussée à l’autre, les trottoirs dallés au ciment imprimés ne sont ni de la même forme ni de la même couleur et présentent déjà un sol bosselé et déjà truffé de flaques d’eau boueuse. Un autre trottoir sur une rue plus fréquentée a été quant à lui revêtu avec des dalles en trois coloris, beiges, noires et blanches, devant en principe former un alignement esthétique et agréable pour les piétons. Mais la mosaïque réalisée, comme le disent des résidents de la cité, est un «gribouillage» d’amateurs incompétents indigne de l’embellissement escompté. Les imperfections et le bâclage sont pourtant souvent dénoncés par le wali lui-même lors de ses tournées. Mais ces défaillances dans les chantiers risquent de s’inscrire dans la durée et la banalité, car comme le dit l’adage, le diable se cache dans les détails.
Par S.Benali