Clochardisation urbaine et apologie de la « modernisation »
Les automobilistes empruntant la route du ravin Ras El Ain se plaignent depuis plusieurs mois de ce dangereux «nid-de-poule», une crevasse large et profonde située en plein virage sur la route menant au quartier Ras-El-Ain. Malgré les désagréments et le danger qu’il représente pour la population et malgré les dénonciations publiées sur les réseaux sociaux, aucun responsable municipal n’a daigné intervenir afin que des travaux de réparation de la chaussée soient engagés au plus vite. Mais cette grosse et dangereuse crevasse sur cette route de Ras El Ain est loin d’être une simple image isolée, citée par un journal local en banal fait divers. Tous les Oranais connaissent l’état de délabrement pitoyable de cette route dite de Ras El Ain, avec ses crevasses, ses affaissements de chaussées, la laideur de ses accotements et l’anarchie dans la circulation. On peut même «admirer» parfois quelques chèvres se baladant en bordure de la route ou se mêlant parfois même aux véhicules en circulation. Sans parler des charrettes tirées par des baudets et des marchands en bord de route proposant à la vente du «pain maison» ou des fruits présumés de saison. Autant d’images illustrant la ruralisation avancée de toute cette zone promise il y a quelque temps à un avenir de progrès et de modernité. On sait malheureusement que les projets annoncés il y a déjà plus de trente ans en faveur de la restructuration des vieux quartiers de Ras El Ain et des Planteurs n’ont jamais pu être mis sur rails pour de multiples raisons liées aux failles et aux paradoxes d’un ancien système de gestion gangréné par l’incompétence, le laxisme et le renoncement. Les bidonvilles, le vieux bâti, les quartiers historiques qui tombent en ruine et leurs monuments à l’abandon, les déficits en infrastructures sociales, scolaires et sanitaires dans les nouvelles zones d’habitat, le règne de l’anarchie dans le transport et la circulation, le commerce illicite et le squat des espaces publics, l’absence de contrôle et de rigueur dans la gestion des extensions urbaines, et bien d’autres dossiers encore restent toujours inscrits au programme des priorités et des urgences héritées d’un wali à un autre. Aujourd’hui, fatalement, l’apologie de la « modernisation » ne peut que céder la place à une démarche d’assainissement et de remise à niveau du terrain social et urbain ainsi qu’à la redynamisation des projets initiés ou engagés qui enregistrent des retards hallucinants….
Par S.Benali