Contrer les nostalgiques de l’Algérie-française
L’entretien téléphonique entre les présidents Tebboune et Macron, la première depuis la crise diplomatique causée par l’exfiltration de Amira Bouraoui, s’est déroulé dans un contexte bilatéral, le moins qu’on puisse dire, l’un des moins bons entre les deux pays. En effet, bien que les deux hommes se sont parlés et se sont dit des vérités, il convient de souligner que depuis début février, aucun ministre français n’a foulé le sol algérien et aucun ministre algérien ne s’est rendu en France. La visite de la Premier ministre, Elizabeth Born à Alger devait booster les relations entre les deux pays, force aura été de constater que très peu de choses, sinon rien, n’a été engagé depuis plus d’un mois et demi. Pis encore, l’ambassadeur algérien a été rappelé à Alger et l’ambassadeur français a été proposé à la retraite d’office. C’est dire qu’au moment où les deux présidents discutaient au téléphone, les rapports entre leurs deux pays étaient au degré zéro. Pourtant quelques jours , après la visite de Macron en Algérie, elles n’ont jamais été aussi brillantes en 61 ans d’indépendance de l’Algérie. Il était dit qu’entre l’Algérie et la France, c’est en dents de scie que cela fonctionne. Mais avant la glaciation, désormais dépassée grâce au coup de téléphone, on est forcé de reconnaître que le président Macron qui n’a pas hésité à évoquer le crime contre l’humanité qu’a été la colonisation française en Algérie, est parvenu à imprimer une marque de franche sincérité dans le discours de l’Hexagone pour ce qui concerne l’histoire commune des deux pays. Sans aller jusqu’à la repentance des crimes coloniaux, il a tout de même marqué sa présidence et donné à tous les responsables français qui le voudraient, une opportunité de poursuivre sur la voie de la reconnaissance des méfaits historiques de la France coloniale.
A cet aspect prioritaire dans la refondation des relations algéro-françaises, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont donné un aperçu de ce que seront les rapports « d’égal à égal » entre Alger et Paris. L’on a vu cela sur beaucoup de questions. La France de Macron et l’Algérie de Tebboune n’ont visiblement pas de complexe l’une vis-à-vis de l’autre.
Les deux nations n’entrevoient plus leurs rapports sous l’angle étroit et paternaliste du colonisateur complexé d’avoir perdu son « paradis sur terre ».
Il reste que les relations entre les Etats est exclusivement une affaire d’intérêts mutuels. Dans les projets que Macron a proposé à l’Algérie, la France a sans doute beaucoup à gagner et l’Algérie aussi. Maintenant que le climat politique a toutes les chances de gagner en sérénité, il y a là une belle occasion pour aller de l’avant et gagner une bataille décisive contre les nostalgiques de l’Algérie-française.
Par Nabil.G