Oran Aujourd'hui

CRIDISH et Société de géographie: «Un crime intellectuel»

Homme d’église, écrivain et conférencier, le père Bernard Janicot est connu dans les milieux universitaires comme étant le principal animateur et actuel directeur du centre de documentation économique et sociale (CDES) créé à Oran depuis 1963. A l’occasion de la célébration, la semaine dernière, du soixantième anniversaire du CDES, Bernard Janicot a présenté le parcours du Centre et a insisté sur l’importance d’œuvrer au renforcement du dialogue interreligieux à travers les sphères de rencontres intellectuelles et universitaires. Il faut rappeler que dans les années 80, les Oranais ne connaissaient le CDES que sous le nom de « Bibliothèque Bedo », du nom de l’ancienne appellation de la rue dans laquelle il se trouve .
Le centre était alors réduit à une salle contenant quelques milliers d’ouvrages, un bureau d’accueil, et une photocopieuse des premières générations. Mais dès les années 90, malgré la douloureuse conjoncture traversée par le Pays, le CDES allait se développer et se métamorphoser profondément, enregistrant notamment plus de 2 000 abonnés venant consulter gratuitement des centaines d’ouvrages, notamment dans les rayons de philosophie et d’histoire alors transférés dans l’ancienne église à l’évêché de St Eugéne.
Un engouement qui peut s’expliquer en partie par le fait qu’à l’époque, la plupart des bibliothèques et lieux de rencontre intellectuelles et de regroupement d’étudiants avaient fermé leurs portes et ont été livrés à l’abandon pour diverses raisons, dont l’insécurité, les menaces de mort, mais aussi, il faut l’admettre à cause du laxisme et du désintéressement total de la part des pouvoirs publics de l’époque, notamment des autorités municipales.
Citons, pour illustrer le propos, la scandaleuse disparition de l’antenne oranaise de la célébre «Société de géographie, l’une des plus anciennes sociétés savantes créée à travers le monde, et à Oran en 1838. Mais après l’indépendance, alors que partout ailleurs les sphères et les instruments du progrès et du savoir étaient bien pris en charge, la «Société de géographie d’Oran» qui avait pourtant de profondes attaches avec des pays et des scientifiques du monde entier, allait être boudée, marginalisée, et rejetée dans une cave insalubre et humide du marché Michelet au centre ville.
Malgré les efforts des rares intellectuels oranais qui ont tenté de la faire revivre, les livres, cartes et précieux documents allaient peu à peu disparaître ou être détruits par la poussière et l’humidité. Un véritable «crime intellectuel» s’indigne quelques anciens universitaires oranais qui pointent également du doigt la fermeture, depuis quelques années du CRIDISH , un ancien centre de rayonnement intellectuel et culturel situé face à la cinémathèque au centre ville, qui faisait la fierté d’Oran et qui est aujourd’hui abandonné et livré à des SDF et des marginaux de tous bord. Ainsi va Oran.
Par S.Benali

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