Oran Aujourd'hui

Que devient le «Jardin des plantes» ?

On a appris il y a quelques jours que des militants pour la protection de l’environnement ont lancé un appel pour «la création et l’aménagement à Oran d’un grand jardin botanique à Oran qui abritera des collections d’espèces végétales et des variétés de plantes horticoles». Pourquoi ne pourraiton dire et même saluer une telle proposition bien utile à la promotion des espaces verts à Oran. La ville, soulignent les responsables de l’association concernée, aurait bien besoin «d’un havre de paix naturel abritant des collections botaniques, avec bibliothèque et musée, avec des plantes rares et menacées afin de protéger la flore locale».
Commentant cette information, les mauvaises langues oranaises se sont empressées de dire que s’il est toujours permis de rêver, il ne faut surtout pas oublier toutes les contraintes, les obstacles, les carences et les dérives de gestion qui empêchent à ce jour de concrétiser les rêves de progrès et de modernité. Beaucoup à Oran semblent oublier l’histoire et l’existence même de ce merveilleux Jardin des plantes de M’dina Jdida, un grand espace vert qui faisait jadis la fierté de la ville.
Le jardin des plantes d’Oran a depuis longtemps perdu son rôle, son statut et son âme pour sombrer lui aussi dans le médiocre registre du délabrement et du laisser-aller. Dans une ville qui a déjà bien du mal à collecter ses ordures ménagères, à rafistoler ses rues et ses trottoirs, à prendre en charge son vieux bâti qui s’effrite, à préserver ses vieux sites et monuments, cet espace vert qui s’étale sur plus de 10 ha au coeur de la cité ne pouvait hélas qu’être condamné à l’oubli et à la marginalisation fatale. Les plantes, les fleurs, le lac artificiel, et les plaisirs de la promenade familiale dans un environnement naturel protégé ont été depuis longtemps exclus des préoccupations oranaises par une cruelle conjugaison des malheurs sociaux et urbains jalonnant l’histoire contemporaine. Avec le Covid 19, même l’organisation des «floralies» annuelles à été abandonnée.
Face aux grands fléaux du vieux bâti, du manque de logement, de l’hygiène publique, de la misère galopante ou du délabrement du cadre urbain, le vieux jardin public s’inscrit au bas de l’échelle des priorités dans les préoccupations collectives. Même les sphères associatives l’ignorent, préférant de loin s’occuper de vieux monuments de l’occupation espagnole porteurs d’autres intérêts . La conscience citoyenne oranaise, altérée sans doute par un dérèglement intégral de certaines valeurs sociales, n’intègre même plus dans ses repères le rôle important de ce vieux jardin des plantes qui peut même disparaître sans déranger personne..
Par S.Benali

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