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Crimes coloniaux français en Algérie : l’arme chimique a été utilisée dès 1830

La France refuse d’ouvrir ses archives pour permettre aux historiens de confirmer scientifiquement ce qui s’est produit en Algérie tout au long de la période coloniale. Mais telle la lumière, la vérité finira toujours par trouver son chemin au regard de l’humanité.

La vérité sur les crimes coloniaux de la France en Algérie ressort ces derniers jours, à la faveur de la déclaration du journaliste français Jean Michel Apathie, pour qui, les Nazis se sont inspirés de la France coloniale dans l’entreprise meurtrière qu’ils ont menée contre les juifs d’Europe. Sitôt dit, beaucoup de langues se sont déliées et le documentaire “Algérie, Section armes spéciales”, a donné lieu à un riche débat sur l’usage des armes chimiques durant la guerre de libération nationale. Les tortures, les crimes de masses, les déplacements de population ont figuré aussi sur la longue liste des traitements inhumains pratiqués par l’armée coloniale sur les Algériens.
Ce qui devient une vérité historique scientifiquement établie par les historiens est que cette France qui se disait civilisatrice a commencé à recourir aux armes chimiques contre les populations algériennes dès 1830. Une période marquée par des atrocités qui ont laissé des séquelles profondes dans la mémoire collective. Amar Mansouri, chercheur algérien en génie nucléaire, est catégorique. «La première utilisation de ces armes a causé au moins 760 victimes. En s’appuyant sur des témoignages d’officiers de l’armée française», insiste le chercheur. M. Mansouri qui s’exprimait dans une émission sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne, a révélé «qu’entre 1830 et 1962, il y aurait eu environ 300 cas documentés d’utilisation d’armes chimiques contre la population algérienne. En parallèle, 800 villages ont été détruits par le napalm, et près de 800 000 tonnes de TNT ont été déversées dans plusieurs régions du sud du pays».
Il a également mentionné un incident tragique survenu en 1845, où au moins 1 000 personnes de la tribu des Ouled Ryah, près de Mostaganem, ont été tuées par asphyxie dans une grotte, illustrant ainsi l’ampleur de la violence exercée. Le chercheur a évoqué une citation d’un général français qui se vantait de «griller les Arabes», soulignant l’horreur des mentalités à l’époque. Mansouri a qualifié ces actions de «génocides répétés», en faisant référence à l’utilisation du chloroforme et du phosphore pour la première fois en 1852 lors de l’invasion de Laghouat par 6 000 soldats français, qui a fait 3 586 victimes. Il a également signalé qu’en 1930, toutes les armes chimiques disponibles avaient été utilisées dans des zones telles que le polygone de Touggourt, Beni Ounif, et Oued Namous, dans le sud algérien.
Le chercheur a précisé que les gaz employés, notamment le sarin, moutarde, butane et phosphore, entraînent de graves effets sur le système nerveux humain, provoquant des brûlures et attaquant divers organes. En outre, il a évoqué le plutonium, un gaz dont la durée de vie est estimée à 241 000 ans, utilisé à l’air libre, soulevant des questions sur les effets à long terme de ces substances sur l’environnement et la santé humaine.
Mansouri a conclu en affirmant que l’Algérie pourrait exiger de la France la dépollution des sites contaminés par ces explosions nucléaires, appelant à une reconnaissance des souffrances infligées par ces actes. Cette revendication met en lumière la nécessité d’un dialogue ouvert sur le passé colonial et ses conséquences, tout en soulignant l’importance de la justice et de la réparation pour les victimes et leurs descendants. Toutes les informations transmises par ces chercheurs sont avérées et documentées. Mais la France refuse d’ouvrir ses archives pour permettre aux historiens de confirmer scientifiquement ce qui s’est produit en Algérie tout au long de la période coloniale. Mais telle la lumière, la vérité finira toujours par trouver son chemin au regard de l’humanité.

Nadera Belkacemi

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