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Des petites filles de 8 ans employées comme bonnes : le Maroc sombre dans la misère entretenue par le Makhzen

L’ONG signale des milliers d’enfants, principalement des filles et certains dès l’âge de 8 ans, travaillant chez des particuliers en tant que domestiques. Connues sous le nom de «petites bonnes», elles proviennent généralement des zones rurales pauvres et sont envoyées par leurs tuteurs dans les villes…

Le dernier rapport de l’ONG Oxfam classe le Maroc au plus bas en en matière de condition de vie de la population et pointe un doigt accusateur à l’endroit du Makhzen sur la situation déplorable des enfants, plus particulièrement les filles, exploitées par une minorité de riches. Oxfam qui a intitulé son rapport «Travail domestique des petites filles: petites mains grandes corvées», établit un constat réaliste et sans fioriture. «Le Maroc a été désigné pays le plus inégalitaire du Nord de l’Afrique et dans la moitié la plus inégalitaire des pays de la planète», conclut l’ONG en substance. Cette conclusion repose sur un certain nombre de faits, de chiffres et de constats accablants. «Seuls 10% de la population possèdent plus de 63% de la richesse totale, tandis que 50% en possèdent moins de 5%», souligne l’ONG dans un autre rapport, «Global Inequality 2022». Ce constat, établi sur des bases scientifiques, note que «les travailleurs et travailleuses pauvres effectuent des tâches dangereuses et mal rémunérées pour alimenter l’extrême richesse d’une minorité», lit-on dans le rapport. Le document d’Oxfam décrit une dure réalité de la société marocaine. Il y est indiqué que cette société «est livrée à elle-même et surexploitée par le régime du Makhzen et ses relais internes et externes». Les faits récoltés sont d’autant plus graves que «les premières victimes de la pauvreté et de la vulnérabilité sont bien les enfants». Il a été, en effet, reconnu par le rapport d’Oxfam qui corrobore d’autres études antérieures que «35,6% de la population pauvre et 28% de la population vulnérable sont des enfants âgés de 0 à 14 ans». Cet édifiant constat de la fragilité de cette catégorie de la population marocaine retient que «dans la mesure où les enfants représentent environ 27,2% de la population totale, ils sont manifestement surreprésentés au sein des populations pauvres et vulnérables». Et ce n’est pas tout, puisque «les inégalités persistent également en matière d’accès à l’éducation», pour cette catégorie importante mais fragile de la société marocaine, souligne l’ONG. La triple sanction que subissent les enfants pauvres au Maroc s’explique par le fait que leurs «parents ont un faible niveau d’études». L’inexistence de tout ascenseur social saute aux yeux. Ainsi, ces enfants «partent avec un handicap et ceux vivant en milieu rural sont désavantagés face à leurs homologues urbains: en zones rurales, 71,2 % des enfants d’âge préscolaire ne sont pas scolarisés, contre 21% en zones urbaines», et «12 % des enfants vivant en milieu rural redoublent leur première année de primaire, contre 5% seulement en milieu urbain». Il faut savoir que le Maroc compte un total de 220.000 enfants en âge d’être inscrits en maternelle, autour de 83.000 enfants en âge d’être inscrit à l’école primaire et 255.000 enfants âgés de 12 à 14 ans (c’est-à-dire en âge d’être inscrits au collège), qui ne sont pourtant pas scolarisés, selon le même rapport, qui cite l’Unicef.
Ces chiffres donnent toute sa substance au sujet principal du rapport d’Oxfam, à savoir l’exploitation des petites filles dans le travail domestique. A ce propos, l’ONG signale des milliers d’enfants, principalement des filles et certains dès l’âge de 8 ans, travaillant chez des particuliers en tant que domestiques. Connues sous le nom de «petites bonnes», elles proviennent généralement des zones rurales pauvres et sont envoyées par leurs tuteurs dans les villes espérant leur offrir une vie meilleure tout en les aidant financièrement, rapporte le rapport, soulignant qu’au lieu de cela, les pauvres filles «sont souvent confrontées à la violence physique et verbale, à l’isolement et à un travail sept jours sur sept qui commence à l’aube et se poursuit jusque tard dans la nuit».
Ces filles travailleuses domestiques, mal payées et presque aucune ne va à l’école, «restent confrontées à des conditions de travail précaires, dangereuses ou proches de l’esclavage et sont exposées à la violence et au harcèlement, avec des risques et de graves conséquences sur leur santé physique et mentale et sur leur sécurité», a révélé le rapport.
Yahia Bourit

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