
Des remèdes miracles proposés sur les réseaux sociaux : des malades victimes du charlatanisme numérique
Un phénomène inquiétant s’installe dans le silence numérique, motivé encore plus par la naïveté du consommateur. La loi interdit pourtant toute forme de tricherie, aussi petite soit elle.
Alors que les réseaux sociaux se transforment de plus en plus en vitrines commerciales non régulées, une pratique dangereuse prend de l’ampleur, la vente de mélanges médicinaux et de concoctions à base de plantes de provenance inconnue, souvent présentées comme des remèdes miracles contre des maladies chroniques. Derrière ces offres séduisantes, des milliers de consommateurs, souvent vulnérables, tombent dans le piège d’un marketing frauduleux et d’allégations mensongères, au péril de leur santé. Devant cet état de fait, les acteurs du contrôle s’expriment ouvertement. Dans un entretien accordé dans le cadre de l’émission «Au cœur de la société» de la Radio d’Oran, deux responsables du secteur du commerce d’Oran ont tiré la sonnette d’alarme. La cheffe de mission à la direction du commerce chargée de la répression des fraudes, Naïma Tahari et l’inspecteur principal à la même direction, Nabil Ferrani, ont été explicites en faisant l’état des lieux. Les deux intervenants pointent du doigt la prolifération incontrôlée de pages et comptes anonymes qui exploitent la crédulité des malades pour écouler des produits non homologués, souvent présentés comme des solutions naturelles, mais qui n’obéissent à aucun cadre légal, sanitaire ou scientifique. Le fléau est difficile à cerner… voire même à contenir , ont affirmé les deux responsables. Selon Mme Tahari, le principal danger réside dans l’absence de traçabilité.
«Ces mélanges sont vendus sans étiquetage, sans autorisation, et souvent avec des promesses mensongères d’efficacité. Aucun contrôle sanitaire n’est exercé, ce qui représente un risque réel pour la santé publique », a fait savoir cette responsable.
De son côté, l’inspecteur principal à la même direction, Nabil Ferrani, a souligné la complexité des interventions dans le cyberespace, précisant que «l’environnement numérique évolue plus vite que notre capacité à réguler». «La répression de la fraude en ligne nécessite des outils spécifiques et une coopération accrue avec les plateformes numériques et les autorités judiciaires », a-t-il souligné. Les réseaux sociaux constituent un terrain fertile pour les vendeurs de faux espoirs. Facebook, Instagram, TikTok ou encore WhatsApp sont devenus le théâtre d’un nouveau commerce parallèle, celui du désespoir médical. Les vendeurs, sans aucune qualification, vantent les mérites de mixtures artisanales, prétendument efficaces contre le diabète, l’hypertension, le cancer ou encore les troubles hormonaux. Le tout, en échappant aux circuits officiels de vente et sans passer par la case pharmacie ou laboratoire agréé.
«Il y a une nécessité urgente de renforcer la régulation», plaident plusieurs autres spécialistes.
Face à ce phénomène, les experts appellent à la mise en place d’un système national de veille numérique pour traquer les contenus frauduleux, sanctionner les contrevenants et surtout protéger les consommateurs les plus fragiles. Les intervenants plaident également pour une campagne de sensibilisation de grande ampleur à destination du grand public, une coordination renforcée entre les ministères du Commerce, de la Santé et de la Justice et l’implication des plateformes sociales, appelées à mieux réguler les contenus commerciaux sur leurs espaces.
La vigilance, la prévention et la législation sont plus que indiquées. Le cas des mélanges médicinaux vendus illégalement sur Internet rappelle l’urgence de mettre à jour les outils juridiques et numériques pour faire face aux nouvelles formes de fraude. Au-delà de la répression, la prévention reste une arme clé. Informer les citoyens, surtout les malades chroniques, sur les risques liés à la consommation de produits non homologués, est devenu une priorité de santé publique.
Yacine Redjami