EDITO

En attendant les réponses aux vraies questions

A ce jour et malgré toutes l’abondance des écrits et des interminables plateaux de télévision, personne n’a pu répondre à la question cruciale de savoir comment un régime qui a tenu plus de 13 ans malgré tous les coups de butoir de la coalition internationale menée par les Etats Unis d’Amérique, par Daech et Al Qaida, s’est effondré comme un château de carte en moins de 10 jours face à une offensive de djihadistes sans gros matériel de guerre.
Ce qui s’est passé en Syrie en ce mois de décembre 2024 interroge sérieusement sur ce bouleversement majeur qui a frappé la région du Moyen-Orient. Les nouveaux maîtres de Damas n’ont en réalité mené aucune bataille d’envergure pour arriver à la capitale syrienne. Comme dirait l’autre, il fallait juste le temps du trajet pour conquérir Damas, après avoir pris Alep, Homs, Hama et d’autres régions encore de la Syrie.
Ce que nous servent depuis trois ou quatre jours les médias occidentaux, ce n’est en réalité que de l’info spectacle qui rappelle en tous points ce que nous avons déjà vu lors de la chute de Saddam Hussein. Les images des palais du président déchu Bachar el-Assad, ses voitures de luxe et d’autres biens encore sont diffusées en boucle, en plus de la prison de Saydanya que l’on présente partout comme le symbole de la tyrannie des Assad.
La réalité est que le projet de répartition de ce pays est en marche. La Syrie sera désormais constituée de petits émirats entre les islamistes, les Kurdes et les rebelles soutenus par la Turquie. Mais l’autre vérité aussi, c’est que l’entité sioniste a encore pris d’autres terres du côté du Golan, que les USA maintiennent leurs forces et la Russie négocie l’avenir de ses deux bases militaires à Tartous et Hmeimim..
Et comme dans chaque bouleversement majeur, on ne peut s’empêcher de poser cette question inévitable, à qui profite le crime ? A première vue, le grand bénéficiaire reste sans conteste l’entité sioniste qui pense déjà à grappiller encore plus de régions en plus du plateau du Golan. Israël qui , il faut le souligner, continue toujours de pilonner les positions de l’armée syrienne à ce jour.
La Syrie, il est clair, ne sera plus comme avant et se morcellera en plusieurs petits pays, comme l’ont toujours souhaité et planifié les Occidentaux, mais dans l’immédiat le plus important est de sauver le plus de vies possible et de permettre aux Syriens de ne pas sombrer totalement dans la chaos. Tout est fragile et passé le moment de l’euphorie, il faut se rendre à l’évidence que la paix de demain ne tient qu’à un fil très ténu.
Mais il faut se rendre à l’évidence. De tous ces événements, ce qui reste sûr, c’est que la Syrie vient d’entrer dans un long et sombre tunnel, et risque de vivre les mêmes scénarios que la Libye ou l’Afghanistan.

Par Abdelmadjid Blidi

Articles similaires

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page