Grands projets: Les déficits de qualité, de performance et d’excellence
Bon nombre de grands projets lancés à Oran ces dernières années font à chaque fois l’objet de réajustements, de corrections, et autres révisions nécessitant des rallonges financières et des prolongations de délais de réception des ouvrages. C’est le cas notamment de la nouvelle pénétrante au port d’Oran, ou encore du 4éme périphérique où des travaux d’aménagement sont en cours de finalisation sur le tronçon menant au complexe olympique de Belgaïd. Ici, curieusement, le discours officiel explique que ces travaux seraient devenus nécessaires «en raison des prochains jeux méditerranéens devant se dérouler à Oran en 2022». Pourquoi pas diraient les profanes ignorant totalement le contenu et l’impact réel de cette manifestation sportive sur le fonctionnement urbain de la Cité. Selon une source proche de la directrice locale des travaux publics, ce projet d’aménagement des abords de la 1re rocade entre l’échangeur de la RN4 et le complexe olympique, d’un coût global de 700 millions de DA, comprend des travaux de terrassement, voirie, éclairage public, traitement de talus, réalisation d’un muret décoratif et d’une glissière de sécurité en béton, devant être achevés avant la fin d’année en cours. Des travaux, estiment des observateurs avisés qui auraient dû être étudiés, programmés et lancés même si les fameux jeux méditerranéens ne figuraient pas au calendrier des événements de la Cité. Car en quoi la reconfiguration d’une autoroute en 3×2 voies au lieu de 2×2 voies ne se justifierait que par l’organisation d’une manifestation sportive aussi importante soit-elle. Surtout quand on connaît l’état lamentable de la circulation routière sur un réseau bien saturé. On peut comprendre que la RN4, connue sous le nom de «route de l’aéroport», retient toute l’attention des pouvoirs publics voulant embellir et décorer l’entrée de la Cité. Mais pourquoi, des décennies durant, les gouvernants et décideurs locaux n’ont pris aucune initiative pour véritablement intégrer cette route dans un plan d’aménagement sérieux et crédible incluant tous les paramètres, y compris celui de la promotion de l’image de la ville? On ne peut aujourd’hui que déplorer le manque de projection sur le long terme et le déficit de qualité, de performance, voire d’excellence, ayant marqué la plupart des études de maturation des projets engagés dans le cadre du développement local ou de l’amélioration du cadre urbain collectif. Il est vrai, comme dit l’adage «qu’au Pays des aveugles, le borgne est Roi».
Par S.Benali