Alors que les ressources en eau sont en baisse en Algérie à cause du recul du taux de la pluviométrie ces dernières années à cause des effets néfastes du réchauffement climatique, les autorités œuvrent à préserver la nappe phréatique et encadrer son exploitation.
Pour éviter un été difficile sur le plan de l’approvisionnement en ressources en eau, le président de la République Abdelmadjid Tebboune, lors du dernier Conseil des ministres, a donné l’instruction pour mettre à l’arrêt toutes les opérations de forage de puits destinés à approvisionner les réseaux d’alimentation avec les eaux souterraines. Cette décision a été saluée par le Pr Brahim Mouhouche de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie lors de son intervention jeudi dernier sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. «Cette décision est très importante car après plus d’une année d’autorisation d’utilisation massive et à outrance des ressources de la nappe phréatique, il est temps d’arrêter cette exploitation vu les risques qui peuvent découler de cette autorisation exagérée», a-t-il déclaré.
Pour le Pr Mouhouche, «lorsque la nappe n’est pas respectée du point de vue réalimentation elle ne fera que diminuer et le problème qui se pose actuellement sera encore aggravé», estimant que le fait de donner beaucoup d’autorisation pour le recours à pomper l’eau de la nappe phréatique, celle-ci se rabattra à un niveau qui deviendra irrécupérable.
L’intervenant a évoqué, dans ce contexte, le risque d’affaissement de terrains que la diminution des quantités d’eau de la nappe phréatique peut engendrer. «Nous avons constaté certains phénomènes surtout au Sud du pays à cause des forages ; les pompages exagérés et non contrôlés sur des surfaces assez importantes, au bout d’un certain moment, le vide qui sera créé dans le sous-sol, au niveau de la nappe, sera remplacé par du vide par de l’air». Le professeur a souligné que ce type d’activités cause des affaissements et peut provoquer des catastrophes.
Pour ce qui est de la régénération de la nappe phréatique alors que la pluviométrie fait défaut, l’invité de la chaîne III a indiqué qu’il est difficile de réalimenter une nappe qui a atteint un haut niveau de pompage. «La nappe est tellement affaiblie que même s’il y a beaucoup de pluviométrie, il faut des années et des années pour récupérer son potentiel afin qu’elle puisse se régénérer», a-t-il affirmé. Le même responsable a soutenu également qu’«il faut beaucoup plus de pluies en intensité en durée et en nombre de séquences de précipitations».
Le Pr Mouhouche a affirmé qu’au contrairement au grand Sud, la nappe phréatique de la partie Nord du pays peut être régénérée si elle est gérée d’une manière scientifique au bout d’une dizaine d’années.
Il a souligné que le taux de pluviométrie actuel suffit juste sur le plan superficiel pour l’agriculture et le couvert végétal. Il a affirmé que les pluies qui se sont abattues sur le pays ne sont pas suffisantes, faisant savoir que le taux de remplissage des différents barrages n’a pas dépassé les 40%. «Le sol n’a pas été gorgé d’eau pour remplir les rivières et les barrages», a-t-il ajouté.
Samir Hamiche