Incertitudes urbaines et tâtonnements permanents
Lors d’une rencontre organisée la semaine dernière avec les représentants de la société civile, le wali d’Oran a annoncé l’entrée en service dès l’été prochain de cinq nouveaux établissements hospitaliers totalisant 900 lits. Beaucoup parmi les invités présents dans la salle semblaient totalement ignorer l’existence de ces projets d’infrastructures sanitaires lancés il y a quelques années et qui en principe devaient être déjà livrés, pour certains depuis plus de trois ans. On se souvient que l’an dernier, en novembre 2022, le wali d’Oran avait déjà déclaré que la wilaya d’Oran est appelée à devenir «un pôle médical par excellence» grâce «à la réception en mars 2023 de cinq établissements qui s’ajouteront aux établissements hospitaliers existants» . Il s’agit de l’hôpital de 240 lits à Gdyel, de l’hôpital de hai Nedjma, de l’hôpital de 60 lits à El Kerma et de l’hôpital des urgences médicales de Oued Tlélat. Le wali avait alors déclaré qu’à l’exception de l’hôpital des urgences médicales de Oued Tlélat, toutes les infrastructures hospitalières sont achevées à cent pour cent et sont «en phase d’équipement». Une «phase d’équipements» qui dure et semble se prolonger au gré des dysfonctionnements du système de gestion des marchés et des procédures bureaucratiques qui pénalisent le secteur de la santé publique. Au cours de cette réunion avec la «société civile» oranaise, le responsable local a également évoqué d’autres projets importants, dont celui de la station de dessalement d’eau de mer en cours d’achèvement à Cap Blanc et qui sera, en principe, livrée l’année prochaine. Des annonces de livraison prochaine de projets qui ont été évidemment applaudies et bien accueilli par les invités présents. Malheureusement, bon nombre d’observateurs avisés se demandaient pourquoi le débat avec le mouvement associatif local faisait à chaque fois l’impasse sur bien d’autres projets de développement en cours de réalisation depuis des années mais à ce jour inachevés et parfois même totalement oubliés. La «nouvelle» route pénétrante au port d’Oran qui se fait toujours attendre, l’état des lieux désastreux de l’enceinte portuaire et du réseau routier, le vieux projet inachevé de «palais de congrès» devenu «complexe culturel» à Haï Sabbah, le parking à étages calamiteux implanté on ne sait pourquoi en plein cœur de M’dina Jdida, les anciennes mosquées historiques en attente de restauration depuis des lustres, l’anarchie dans les transports et la circulation, la prolifération des bidonvilles et du vieux bâti à risque d’effondrement, et bien d’autres dossiers encore mériteraient d’être évoqués avec une « société civile locale », si toutefois elle était crédible et motivée par un véritable désir d’assainir et d’améliorer l’état des lieux de la métropole oranaise livrée aux incertitudes urbaines et aux tâtonnements permanents. Jusqu’à quand?
Par S.Benali