Oran Aujourd'hui

Inepties et marginalisation: des exemples édifiants

Parmi les plus vieux dossiers, hérités d’un wali à un autre, et en «instance» de règlement depuis plus de quarante ans, figure l’opération de délocalisation du dépôt de carburant de Naftal, situé en plein cœur du quartier Haï Ibn Sina (ex-Victor Hugo). Il y a près de deux ans, la dernière annonce en date faisait état d’une toute prochaine opération de déplacement vers un site plus approprié de ce dépôt de Naftal de carburants, lubrifiants, pneumatiques et autres produits inflammables. Une opération qui se fait toujours attendre, au grand désarroi des habitants du quartier et des membres de l’association Chougrani qui se bat depuis dix ans pour mettre un terme à ce risque majeur qui plane sur la population. L’association avait adressé l’an dernier aux autorités de la wilaya et aux ministères concernés «Un Plaidoyer pour la protection de l’environnement» et un appel aux autorités leur demandant de mettre en application un ancien arrêté de wilaya portant délocalisation du dépôt, mais à chaque fois rangé aux oubliettes de l’administration pour on ne sait quelles obscures raisons. «Il ne s’agit certainement pas de raisons budgétaires ou financières, clame un membre de l’association, d’autant plus que Sonatrach et Naftal ont des capacités de financement qui leur ont même permis de construire un hôtel de grand standing et un grand centre de conventions international…». Mais la nécessité impérieuse d’assurer la protection de l’environnement du quartier Ibn Sina ne semble pas être partagée par les acteurs en charge de la question. Et cela, clament les mauvaises langues locales, reflète un certain mépris affiché face aux doléances de la population de ce vieux quartier populaire connu des Oranais sous l’appellation de «Tirigou». Une gentille déformation orale du nom du célèbre écrivain français Victor Hugo. La dégradation de l’environnement et des conditions de vie par les émanations de vapeurs toxiques et la contamination de la nappe phréatique par les infiltrations de carburants ne semble en rien gêner les gouvernants, au niveau local et national qui se sont contentés de lancer quelques travaux d’aménagement au niveau des entrepôts. On sait pourtant que la décision de délocalisation de ce dépôt a été prise la première fois par le président Boumediene lui-même en 1974. D’anciens fonctionnaires, en retraite depuis longtemps, précisent même que les terrains devant être récupérés après délocalisation des entrepôts de Naftal devaient servir à l’implantation du plus grand complexe sportif d’Afrique. Mais c’était sans compter sur la marginalisation de la Cité oranaise par le vieux système de présumée planification, et de prébendes, fondé sur le clanisme et la cooptation. Oran en général, et «Tirigou» encore plus, ne méritaient aucune sérieuse stratégie de croissance et de développement nécessitant des moyens financiers conséquents et des compétences crédibles, dignes des discours et des ambitions. A l’image de ce dépôt de carburant, d’autres exemples édifiants peuvent être évoqués, dont la carcasse de béton de l’ex-Hôtel Château neuf qui bat des records de longévité, ou la grande Mosquée d’Oran qui a mis près de quarante ans avant de voir le jour sur un terrain d’implantation inadapté et controversé… Ainsi va Oran.
Par S.Benali

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