La course à l’enrichissement illicite

Pas moins de 204 décisions d’affectation de terrains, totalisant une surface globale de 216 ha, ont été récemment annulées par le Comité de wilaya chargé du suivi des investissements. Les services de la wilaya donnant l’information ont indiqué que «ces assiettes foncières seront récupérées prochainement», soulignant que depuis le lancement de l’assainissement du foncier, plus de 150 ha de terrains destinés à l’investissement industriel mais inexploités depuis longtemps, ont été récupérés par la wilaya d’Oran. Ces assiettes foncières sont situées dans les zones industrielles et zones d’activités des communes d’El Kerma, Es-Sénia, Boutlélis, Bethioua, Ain El-Turck et Sidi Chahmi. L’opération d’assainissement, menée par le Comité de wilaya chargé du suivi et de l’évaluation du taux de réalisation des investissements , repose sur des enquêtes permettant d’identifier les bénéficiaires de terrains qui accusent un grand retard dans la concrétisation de leur projet d’investissement. Après une deuxième mise en demeure dûment notifiée au présumé investisseur, il est procédé à l’annulation de la décision d’attribution du terrain par un droit de concession. Au total, à ce jour, selon les services de la wilaya «près de 400 assiettes foncières non exploitées ont été récupérées» constituant un important portefeuille foncier devant être utilisé et mis en valeur pas des investissements porteurs de richesse et d’emplois. Mais selon des experts dans le domaine de gestion du foncier affecté aux investissements, bon nombre de contraintes et de paradoxes administratifs restent encore à lever afin de permettre une véritable relance de l’investissement productif. On peut par ailleurs s’interroger sur les causes profondes ayant permis d’octroyer anarchiquement autant de terrains à des acteurs, remplissant en principe toutes les conditions administratives et bancaires exigées, mais qui au final se retrouvent dans l’incapacité à lancer le début du début de leurs projets. Certains, bien visibles dans certaines zones urbaines à haute valeur marchande, comme le site de la «zone des sièges», se sont contentés de clôturer le terrain et d’attendre depuis des lustres on ne sait quel miracle devant leur permettre de lancer le chantier. Mais en réalité, comme l’affirment avec insistance les mauvaises langues locales, la distribution des terrains et des belles enclaves foncières ne s’inscrivait dans un passé récent que dans la course à l’enrichissement illicite, par la spéculation et la corruption, animée par des acteurs-prédateurs venus de toutes les wilayas du pays, même des plus lointaines. Une véritable «conquête de l’Ouest» qui dure depuis plus de cinquante ans…
Par S.Benali