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Rabat soudoie un ministre péruvien:
La diplomatie marocaine à l’origine d’un énorme scandale

La presse péruvienne a accusé Angel Rodriguez d’avoir reçu des pots-de-vin et des marges de bénéfice sur des marchés de phosphate pour retirer, en contrepartie, sa reconnaissance de la République sahraouie.

Le Maroc s’est fourvoyé dans un grand scandale de corruption impliquant un très haut responsable d’un État tiers. En effet, la diplomatie marocaine, qui n’est pas à sa première opération du genre, a purement et simplement soudoyé le ministre péruvien des Affaires étrangères, Miguel Angel Rodriguez, contre une reconnaissance de la prétendue marocanité du Sahara occidental. Le deal est d’une bassesse sans nom. Le donneur d’ordre est le ministre marocain des Affaires étrangères, Nacer Bourita, et l’intermédiaire est l’ambassadeur du Maroc en poste à Lima.
Les médias du Sahara occidental et du Pérou ont révélé le pot aux roses qui consiste en 120.000 tonnes de phosphate et d’une enveloppe financière remis par l’ambassadeur marocain à Lima, en contre-partie de la reconnaissance par le ministre péruvien de la prétendue marocanité du Sahara occidental. Cet échange politico-mafieux s’est effectué sous les ordres de Bourita suite à une communication téléphonique passée entre les ministres marocain et péruvien. La presse Sahraouie a fait cette révélation.
Le comportement indigne de Miguel Angel Rodriguez lui a valu son poste au gouvernement, pour preuve, la décision du président du Pérou, Pedro Castillo, de révoquer son ministre des Affaires étrangères. En fait, le ministre péruvien s’est immiscé directement dans la bataille diplomatique entre la République sahraouie et le Royaume du Maroc.
La presse péruvienne, de son côté, a également accusé Angel Rodriguez d’avoir reçu des pots-de-vin et des marges de bénéfice sur des marchés de phosphate pour retirer, en contrepartie, sa reconnaissance de la République sahraouie. Il serait également impliqué dans des affaires suspectes relatives au droit de la mer, portant atteinte à la souveraineté de sa patrie, ce qui explique la démission, juste après sa nomination à la tête de la diplomatie péruvienne, des délégués du Pérou à l’ONU et à l’organisation des Etats américains (OEA).
L’annonce par Pedro Castillo de l’attachement du Pérou au «droit de la République sahraouie à la souveraineté et à l’autodétermination», a eu l’effet d’un coup de tonnerre pour le Makhzen et son ministre des affaires étrangères.
Le président colombien Gustavo Petro a, à son tour, porté un sérieux coup au Makhzen en décidant de reprendre les relations diplomatiques avec le Sahara occidental conformément aux principes et aux objectifs de la Charte de l’ONU mais aussi à l’accord conclu entre les deux pays le 27 février 1985.
L’annonce de cette décision est intervenue à l’issue de l’audience accordée par le président colombien au ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek.
La situation interne au Maroc enfonce davantage le Makhzen qui a perdu son pari en jouant la carte de l’entité sioniste. Des voix marocaines honnêtes n’ont eu de cesse de rejeter cette bévue, occupant les rues pour dénoncer un processus de «sionisation», une hystérie de normalisation et une trahison de la cause palestinienne.
Dans ce sillage, une nouvelle manifestation a été organisée devant le siège du Parlement à Rabat à l’initiative d’organisations non gouvernementales et de militants anti-normalisation, dont le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation. Une centaine de manifestants ont scandé des slogans qui dénoncent ce rapprochement Makhzen-entité sioniste et critiquent Nacer Bourita, accusé d’être à l’origine de ce rapprochement.
Le président du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, Ahmed Ouihman a affirmé que l’organisation de ce sit-in avait pour objectif d’adresser un message sur la poursuite de la bataille contre la normalisation, réitérant les revendications de fermeture immédiate du bureau de liaison sioniste.
Nadera Belkacemi

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