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La foire d’Alger, un événement emblématique

Inaugurée par le président de la République, la 56e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA) a ouvert ses portes hier, accueillant des dizaines de milliers de visiteurs. Cet événement économique annuel représente un lien intergénérationnel précieux pour les Algériennes et les Algériens, offrant des moments mémorables et une continuité rare dans une époque en constante évolution. En effet, la FIA, souvent simplement appelée « la Foire » par les Algérois, est l’un des derniers témoins d’une époque où la vie semblait plus douce. À cette époque, les préoccupations étaient moins lourdes. Le marché de l’emploi était florissant, et décrocher un poste était à la portée de nombreux citoyens. Les salaires, issus de ce que l’on appelait le « socialisme scientifique », permettaient aux familles de vivre décemment et offraient même aux célibataires des possibilités de voyages inoubliables pendant les vacances.
En somme, la FIA évoque cette période dorée d’après-indépendance, où la population était satisfaite de ce qu’elle avait. L’enthousiasme pour la fin de la guerre et la victoire sur le colonialisme avait considérablement amélioré les conditions de vie des Algériens. La foire incarne ainsi des souvenirs que beaucoup aspirent à revivre. Faute de pouvoir retourner à cette époque, les Algériens se raccrochent à cette célébration de leur passé.
Pour cette nouvelle édition, les organisateurs ont pris soin d’adapter l’événement aux réalités économiques contemporaines. Une évolution qui illustre le fossé qui se creuse entre le troisième et le deuxième millénaire. Autrefois, on prenait le temps de savourer l’instant et de créer des souvenirs durables. Aujourd’hui, la quête du profit immédiat prime sur l’expérience.
Ce contraste entre le passé et le présent souligne un changement profond dans les mentalités et les priorités de notre société. La FIA, en tant que vestige d’un temps révolu, rappelle aux Algériens d’où ils viennent et ce qu’ils ont perdu. Dans un monde où tout va vite, cette foire incarne parfois une nostalgie pour des valeurs de partage, de convivialité et de solidarité. Elle est le reflet d’une époque où l’harmonie sociale semblait plus accessible.
Ainsi, la FIA demeure un événement emblématique, un véritable miroir de notre histoire collective. Elle invite à une réflexion sur notre parcours, notre identité et nos aspirations futures. En revisitant ces souvenirs, elle pose la question de savoir comment retrouver cet équilibre entre le progrès économique et les valeurs humaines qui nous unissent. En célébrant la Foire, les Algériens ne célèbrent pas seulement un événement, mais aussi une époque, des valeurs et des espoirs. Il est vrai que ces dernières années, l’Algérie ambitionne de recréer un climat social et économique enthousiaste et tourné vers la croissance et le mieux-être. C’est peut-être un point commun avec l’ancienne époque. C’est sans doute le seul.

Par Nabil.G

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