La «Qualité de vie en milieu urbain»
À l’occasion de la Journée nationale de la ville, le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, en partenariat avec l’entreprise privée d’éclairage Belux, organise ce mardi à l’hôtel Royal une journée d’étude ayant pour thème «La qualité de vie et la compétitivité des villes algériennes». Une initiative à saluer qui avait pour ambition d’instaurer le débat sur toutes les dynamiques qui façonnent l’évolution de la ville et les politiques publiques devant garantir un avenir urbain compétitif et agréable.
On sait, depuis des lustres, que ce débat sur la ville et sa croissance urbaine compétitive a été très rarement installé dans les préoccupations des gestionnaires locaux concernés. A Oran, rares ont été les décideurs locaux qui ont eu la bonne idée d’organiser des séminaires, journées d’études ou conférences sur ce le thème de la ville qui constitue pourtant un vaste domaine d’étude et d’intérêt social, politique et scientifique pour la plupart des acteurs impliqués dans l’un ou l’autre des volets de gestion d’une collectivité locale.
En réalité, le thème de «la qualité de vie urbaine» n’a jamais été frontalement évoqué lors des vieux débats sur l’organisation et la gestion des grandes villes algériennes. Il est vrai que ce n’est qu’au début des années 2000, avec notamment l’ouvrage de Richard Florida, The Rise of the Creative Class, expliquant pourquoi et comment les villes les plus susceptibles d’attirer de la population active sont celles qui offrent le meilleur cadre de vie naturel, social et culturel, que la question de la «qualité de vie urbaine» a été abordée par de nombreux spécialistes et a attiré l’attention des élites intellectuelles et sociales.
Mais pour la majorité des gestionnaires et décideurs locaux, rien ne semble prouver que l’essor et le succès économique d’une ville dépendent également de la «qualité de vie» ressentie par les citoyens habitants la Cité. Une vision de la gestion de la ville qui ne pouvait que faire l’impasse sur les questions importantes liées à l’entretien et à la maintenance du cadre de vie, à l’hygiène et la propreté, à l’embellissement du cadre urbain dans les cités d’habitat et les quartiers, parallèlement à la réalisation d’infrastructures sociales, sportives et culturelles permettant l’épanouissement et le progrès.
On sait malheureusement à quel point la ville d’Oran, comme bien d’autres, souffrent encore des effets de la clochardisation urbaine et de la régression avancée. Il suffit, pour s’en rendre compte, de constater la disparition des anciennes belles salles de cinéma oranaises ou la prolifération des «dos d’ânes» hideux et anarchiques à travers le réseau routier. Sans parler des déchets non ramassés, des trottoirs défoncés, des espaces publics occupés par le commerce informel, des constructions sauvages illicites, et des vieux immeubles menaçant de s’effondrer dans certains quartiers.
Comment parler aujourd’hui de «qualité de vie et de compétitivité dans la ville algérienne» sans dénoncer les dérives, les carences et les médiocres improvisations érigées en sublime mode de gestion de l’avenir urbain de la deuxième plus grande ville du pays?
Par S.Benali