L’APC d’Aïn El Türck s’attaque aux extensions illicites : le dossier du passif encore plus complexe
Depuis quelques jours, l’APC d’Aïn El Türck, via ses services techniques et conformément aux instructions du wali d’Oran, mène une vaste campagne de démolition des extensions illicites à travers le territoire de la municipalité et opérées par des particuliers sur l’espace public, voirie, trottoir ou encore espace vert.
Un actif aussi volumineux que le passif, encore plus complexe, qu’il va falloir, lui aussi un jour ou l’autre gérer, si l’autorité de l’État se doit d’être restaurée de manière définitive dans cette municipalité, où sont enfreintes les lois de la République en matière de respect des règles d’urbanisme et d’environnement dès qu’il y a baisse de vigilance de la part des autorités compétentes. Durant leur phase de diagnostic de la situation globale, ces mêmes autorités locales, ont dû se rendre compte de l’ampleur du phénomène des extensions illicites qui a prévalu et qui continue de prévaloir dans bon nombre des quartiers et cités de la commune, où chaque espace, attenant ou mitoyen à une habitation, se fait indûment approprier par le locataire, apparemment peu soucieux du respect de la loi et vraisemblablement réconforté par un certain laxisme de l’autorité locale, voire même une discrète complicité, à priori peu innocente.
Que des citoyens se soient octroyés le droit d’accaparer des espaces entiers relevant du domaine public, en y érigeant, qui des clôtures, qui des murets, qui, tous azimuts, des remises en dur attenantes à leurs domiciles et ce, dans une indifférence kafkaïenne, cela dénote de l’indigence de quelques responsables de l’autorité locale. Il est vrai qu’aujourd’hui le glas semble avoir sonné pour les citoyens contrevenants, la campagne de démolition bat son plein, de jour comme de nuit au grand dam des propriétaires des habitations transgresseurs, médusés et surpris dans leur quiétude qu’ils croyaient acquise, par la réactivité des autorités locales appuyées par les forces de l’ordre relevant de la sûreté de daïra d’Aïn El Türck pour veiller au bon déroulement des opérations face à l’épiphénomène.
Il n’en demeure pas moins que si les autorités locales ont mis en marche l’action publique pour mettre fin à ce cataclysme, le dossier du passif, va quant à lui exiger des actions très soutenues, voire courageuses pour restituer à leur état initial les accès vers la mer claustrés par les riverains, des ruelles entièrement claquemurées par des propriétaires de résidences et de villas qui les ont carrément annexées à leurs habitations, ou encore des domaines publics abruptement investis en nette infraction à la loi. La pratique s’est tellement vulgarisée depuis des décennies à Aïn El Türck, tout comme dans les communes limitrophes du chef-lieu, à savoir Bousfer, El Ançor et Mers El Kébir, que même certains élus locaux ayant officié à l’assemblée communale lors des précédents mandats, s’étaient accordé la permissivité d’effectuer des extensions illicites de leurs habitations et/ou carrément squatter une construction illicite, avant qu’ils ne soient rattrapés par des mesures de démolition. Le comble de l’ironie a été atteint, lorsque des élus ont dû procéder, alors qu’ils étaient toujours en activité et sur injonction des pouvoirs publics, à la démolition de leur propre extension illégalement réalisée sur un terrain lui aussi illicitement squatté.
Même un illustre Saint de la ville, en l’occurrence Sidi El Bahri, n’a pas échappé à l’emmurage de sa tombe et se trouve aujourd’hui cloîtré dans la cour d’une maison, récemment rachetée par un particulier. Comme quoi, la culture et la manœuvre de l’accaparement de ce qui est bien de l’État se sont développées chez le quidam à Aïn El Türck de manière déconcertante, pour ne pas dire la plus normale du monde, si ce n’est en toute convivialité. Cela dit, l’accomplissement de la responsabilité stipule que l’actif gère le passif, par conséquent le dossier des démolitions doit être pris dans son entièreté, afin de ne pas tomber dans le piège du «deux poids, deux mesures».
Karim Bennacef