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Bousfer | «Oued En Namouss», El Qaria : un des plus vieux bidonvilles de la corniche oranaise

«Oued En Namouss », sis dans la localité d’El Qaria, est un des plus anciens bidonvilles de la commune de Bousfer. Sa naissance remonte aux années 90. Il fut baptisé ainsi et à juste titre, par les premiers occupants, en raison de sa proximité avec un Oued, où la prolifération des moustiques, est légendaire, raconteront les natifs.

Certes Oued « En Namouss », est un nom inventé par les précurseurs qui s’y sont installés et n’ayant trouvé meilleure appellation pour identifier ce qui sera, pour de longues années, leur principal gite, mais il est à forte charge évocatrice, pour reprendre une formule chère à Emile Zola dans son Roman Germinal, car dans ce nom, est caricaturée, une précarité sociale d’une catégorie de la population écrasée par le poids de la dégénérescence de la condition humaine, dans sa forme la plus absolue, pour ne pas dire la plus abjecte.
De quelques âmes au départ, le bourg s’est élargi au fur et à mesure à d’autres arrivants, jusqu’à former une communauté, hétéroclite, fuyant diverses infortunes, notamment durant la décennie noire, pour constituer un conglomérat d’indigents et de besogneux, qui se sont résignés sur leur sort, tout en cultivant l’intime espoir, que leur ultime détresse sera un jour révélée au grand jour.
Des enfants et des petits, y sont nés, ils sont arrivés aujourd’hui à l’âge adulte, ils héritent, l’âme dévorée de l’intérieur, des souffrances de leurs parents, bien qu’ils fassent bon coeur contre mauvaise fortune refusant le découragement face aux difficultés, allant jusqu’à accepter le compromis, se contentant de ce qu’ils sont, ne pas trop en vouloir à leur destin, mais le regard blafard toujours tourné vers leurs délégataires municipaux, dont les promesses, pour une vie digne et décente, savamment entretenues dans un but électoraliste, s’évaporaient, dès que les lampions s’éteignaient sur les urnes.
L’illusion proustienne, telle est la condition morale, dans laquelle a baigné durant de longues décennies, la population de ce bourg, confinée en arrière-plan, dans une localité, El Qaria en l’occurrence, dissimulée du regard de l’officiel, une mémoire involontaire indésirable et indésirée, proscrite de l’imaginaire collectif, et survenue à un moment impromptu, par la redécouverte d’un lieu, d’un son, d’un goût, que répugnerait, toute conscience.
A l’instar de Germinal et ses mineurs de Montsou racontés dans l’oeuvre, Oued « En Namouss », pourrait être, lui aussi, ce roman naturaliste et social sur la condition de ses habitants, lesquels, l’air gêné par un environnement pesant, voient leur âme être dévorée jusque dans leur chair humaine.
Des âmes consciencieuses, rares au demeurant mais convaincues, parmi les représentants du peuple de la municipalité, ont promis de porter haut la voix de ces familles afin de les réhabiliter dans leur dignité.
L’indigence dans l’Algérie nouvelle, ne peut plus jamais être tolérée, parce que l’indifférence de certains élus locaux passés ou présents, en voudrait que cela soit ainsi.
Karim Bennacef

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