Oran Aujourd'hui

Laxisme et complaisance dans la gestion du vieux bâti…

Depuis toujours, à la veille du lancement d’une opération de relogement de familles occupant une bâtisse en ruine, les services de la wilaya d’Oran, et le wali lui-même, ne manquent pas d’adresser aux secteurs urbains et aux APC concernées des instructions pour renforcer le contrôle et la surveillance des immeubles désaffectés qui risquent d’être de nouveau squattés par de nouveaux arrivants avant l’opération de démolition.
On se souvient même qu’un ancien wali avait mis en place une « commission spéciale » chargée de faire la tournée des vieux immeubles évacués à travers les quartiers concernés tels que Mediouni, El Hamri, Derb et Sidi El Houari. Il s’agissait, pour les membres de cette commission, de vérifier et de veiller à ce que les bâtisses évacuées devant être démolies ne soient pas de nouveau occupées par des familles en quête de logement. Il est vrai que les services de l’APC concernés par cette mission, après chaque opération de relogement, tentent de condamner tous les accès, portes et fenêtres, des immeubles vidés de leurs occupants. Malheureusement les murets de parpaings construits pour empêcher l’entrée, étaient bien loin de suffire à dissuader les squatteurs et les tricheurs en tout genre qui activent sur le juteux créneau du relogement social.
En réalité, le seul véritable moyen de dissuasion reste la démolition immédiate de l’immeuble désaffecté. Un immeuble qui, en principe, menacerait de s’effondrer à tout moment puisque c’est cela qui a motivé son évacuation. Mais il se trouve, là encore, que le déficit de rigueur et le règne des tâtonnements ne cessent de gangréner le terrain de gestion des vieilles bâtisses occupées et ré-occupées au gré des distributions des quotas de relogement. A ce jour, le nombre de vieux immeubles effectivement démolis sur le territoire de la Commune d’Oran demeure insignifiant par rapport au nombre de bâtisses en ruine existantes. Même les statistiques officielles contredisent souvent la réalité du terrain, semant parfois la confusion entre «immeubles à démolir» et «immeubles démolis». Il est vrai que plusieurs contraintes d’ordre technique, juridique et administratives handicapent les actions de démolition des vieilles bâtisses menaçant ruine.
Certains propriétaires privés, ou leurs héritiers, voulant récupérer leur immeuble en évacuant les locataires à moindre coût, sans avoir à payer une indemnité d’éviction, usent souvent de l’artifice du risque d’effondrement et aident parfois même leurs locataires à bénéficier de la formule du recasement. Ils récupèrent ainsi leur bien et attendent ensuite l’aide de l’Etat pour des travaux de réhabilitation.
Les Oranais se souviennent de l’ancien wali Tahar Sekrane qui avait dénoncé certaines pratiques mafieuses consistant à provoquer volontairement la chute partielle d’un escalier, d’une dalle ou d’une toiture pour crier ensuite alerte aux sinistrés visés par une menace d’effondrement ! Et à ce jour, malgré les dispositions mises en œuvre par la wilaya obligeant les APC à procéder à la démolition immédiate des bidonvilles évacués et des bâtisses désaffectées, on déplore encore des situations où le laxisme et les complaisances gangrènent la gestion des dossiers du vieux bâti et de l’habitat, précaire…. Jusqu’à quand ?
Par S.Benali

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