Oran Aujourd'hui

Le laxisme et l’impunité au service de l’anarchie

Il y a près d’une trentaine d’années, une cité universitaire qui abritait une centaine d’étudiants dans la commune d’Es-sénia a fini par se dégrader et se clochardiser. Par manque d’entretien et de maintenance, les beaux chalets de la cité sont devenus inhabitables et insalubres. Les gestionnaires concernés sont restés dans l’attente de livraison d’une nouvelle cité d’hébergement des étudiants, des bâtiments en dur construits dans la commune d’Oran. Mais les chalets délabrés et abandonnés allaient vite être occupés illégalement par des familles en quête de logement neuf dans le cadre des opérations de recasement. A trois reprises, des squatteurs successifs ont bénéficié d’un logement neuf, sans pour autant que la vieille cité, devenue un bidonville à part entière, ne soit démolie et remplacée par une autre infrastructure ou un espace vert. Il a fallu attendre l’année 2022 pour voir enfin une action d’assainissement engagée par le wali en poste. Les chalets ont été démolis, mais la réalisation du grand jardin annoncé se fait toujours attendre. Bien d’autres locaux et bâtiments appartenant à l’Etat ou à la collectivité locale ont connu des occupations sauvages et illégales. A l’image de cette auberge de jeunesse de Bir el Djir, elle aussi squattée et terriblement dégradée, qui vient tout juste d’être évacuée après le relogement d’une vingtaine de familles qui la squattaient dans des conditions opaques. Comment comprendre qu’un bien de l’Etat puisse ainsi être illégalement et impunément occupé par des individus, sans que les responsables concernés par la gestion et le suivi du patrimoine foncier et immobilier ne le sachent et n’interviennent pour empêcher ce genre de pratique? Le laxisme, conjugué à l’impunité, a ouvert la porte à l’anarchie et à toutes les formes de dérives et de tricheries. Même le secteur de la promotion immobilière n’a pas échappé aux pratiques frauduleuses de construction ne respectant ni les cahiers de charge ni les règles élémentaires de l’urbanisme. Des pratiques dénoncées il y a quelques jours par le wali d’Oran lui-même qui avait cité et dénoncé quelques exemples édifiants. Même dans les toutes nouvelles cités d’habitat, à l’image du pôle «Ahmed Zabana» à Misserghine que l’on annonçait comme étant la future nouvelle «ville intelligente», les extensions anarchiques et illicites de façades commerciales et de logements en rez-de-chaussée, et le déficit alarmant en infrastructures d’accompagnement social montrent que le chemin vers la modernité et progrès n’est pas encore bien tracé… En attendant, c’est le règne de la clochardisation avancée.
Par S.Benali

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