EDITO

«Le malaise des démocraties»

Près d’une semaine après le scandale de l’organisation défaillante lors de la finale de la Champions League européenne, les passions ne se sont toujours pas apaisées en Angleterre et dans les milieux de l’opposition française. On dénonce une propension de la police française à taper d’abord et à s’expliquer après. Des femmes et des enfants aspergés de gaz lacrymogènes, des bastonnades en règle de supporters anglais, des charges policières disproportionnées…Bref, les images des abords du Stade de France qui continuent à circuler sur la Toile donnent de la France la pire des images.
Mais ce que doit dire tout le monde, c’est que ces images ne sont pas nouvelles pour l’opinion française. Elle a déjà vu sa police à l’œuvre tout le long de l’année 2019. La féroce répression des marches des Gilets jaunes sont encore dans les mémoires de millions de Français. Les victimes se comptaient par milliers. Des éborgnés, des mains arrachées, plus de 2000 arrestations et traduction devant les tribunaux et des condamnations à la prison ferme. Le bilan de la police française est loin d’être reluisant. Ce qui s’est passé à l’extérieur du Stade de France et dans l’une des fans zones n’est en réalité que la goûte qui a fait déborder le vase. En vérité, la France n’a pas le monopole de la «violence légitime» en Occident. D’autres «grandes démocraties» pratiquent la même doctrine du maintien de l’ordre. On l’a bien vu lors des émeutes aux USA et dans d’autres pays européens, notamment lors des manifestation anti-confinement organisées en Allemagne et ailleurs en Europe.
Disons ce qui fait véritablement peur aux tenants du système en place dans pas mal de pays occidentaux, c’est la prononciation d’un concept qu’ils ont eux-mêmes inventé, mais dont ils n’en veulent pas chez-eux. Il s’agit du «Printemps». Les dirigeants partisans, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont très mal à l’aise avec ce mot d’ordre balancé par quelques militants. Dans la foulée de la répression contre toute «tentation révolutionnaire», les dirigeants de ces pays ne parviennent pas à modérer l’action de leurs forces de l’ordre. Il faut dire que cela charrie des faits et des images que personne en Occident ne voudrait voir près de chez-lui.
En fait, le malaise issue de la doctrine occidentale du maintien de l’ordre vient du fait, justement qu’il existe dans cet espace géopolitique une frange de la société qui rêve d’un autre système de gouvernance, moins capitaliste, moins prédateur. Ils en rêvent parce qu’ils n’ont rien à perdre. Et c’est cela qui fait faire des sueurs froides aux politiciens. La panique est telle que même les ministres de l’Intérieur, pour cette fois, il s’agit du français Gérald Darmanin, invente une histoire invraisemblable pour dédouaner sa police. A méditer…
Par Nabil.G

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