Le débat mémoriel entre l’Algérie et la France ne doit absolument pas faire l’économie d’un débat sérieux sur cette question, précisément. Cela a un rapport direct avec la problématique des archives de la colonisation que la France fait mine d’ouvrir, sans y toucher sérieusement.
Le monde célèbre le 14e anniversaire de la Journée internationale contre les essais nucléaires. Décidée par la 64e session de l’Assemblée général de l’Onu, le 2 décembre 2009, cette journée instituée par la la résolution 64/35, vise principalement à éduquer le public et à le sensibiliser «aux effets des explosions expérimentales d’armes atomiques et autres explosions nucléaires et à la nécessité d’y mettre fin, en tant que moyen parmi d’autres de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires». De par cet acte, l’humanité a mis les puissances nucléaires au banc des accusés et du seul fait qu’aucune d’elle n’a démantelé son arsenal, il y a suspicion sur leur attitude. Laquelle attitude est en faute avec l’humanisme proclamé par certains Etats, à l’image de la France qui, le 13 février 1960, a procédé au premier essai nucléaire en Algérie, au sud du pays dans la région de Reggane. Cet acte jugé criminel à plein d’égard demeure à ce jour très peu reconnu par la République française qui tergiverse, spécifiquement sur cette question.
Il faut dire, à ce propos, qu’une ONG internationale, présente dans 105 pays, englobant 570 ONG, lauréate du prix Nobel de la paix 2017 a évoqué, il y a trois ans, presque jour pour jour, le dossier des essais nucléaires français en Algérie. «Le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables», lit-on dans un document rendu public, il y a trois ans et qui demeure d’une actualité brûlante. Les rédacteurs de l’étude défendent le principe d’ «une nouvelle ère des relations entre l’Algérie et la France». Mais cette perspective ne saurait se réaliser qu’à la condition d’initier un travail de reconnaissance du mal profond causé par le système colonial à une vaste région et aux populations qui l’habitaient.
Ainsi, la célébration par l’ONU de la «Journée internationale contre les essais nucléaires» a le mérite de mettre des chiffres et des lieux précis sur une activité dont l’opinion nationale et mondiale ne connaissaient que les grandes lignes. Les experts et les historiens algériens et français préconisent une étude approfondie sur le sujet, en répertoriant les accidents et surtout les déchets, encore radioactifs laissés sur place.
Un travail documenté et professionnel déjà réalisé démasque les initiateurs de ces essais nucléaires et consolide la revendication algérienne pour intégrer le dossier dans les discussions sur le contentieux mémoriel algéro-français. L’Etat algérien n’a de cesse de réclamer la poursuite des «efforts visant à trouver une solution au dossier d’indemnisation des victimes des essais nucléaires». Cela en mettant au centre de la problématique les dizaines de milliers d’Algériens victimes directes et indirectes des essais nucléaires français en Algérie.
Le débat mémoriel entre l’Algérie et la France ne doit absolument pas faire l’économie d’un débat sérieux sur cette question, précisément. Cela a un rapport direct avec la problématique des archives de la colonisation que la France fait mine d’ouvrir, sans y toucher sérieusement. Pourtant, il est nécessaire et impératif de déterminer avec exactitude ce qui s’est produit dans le sud du pays.
Nadera Belkacemi