Oran Aujourd'hui

Le statut reconnu de «vendeur illicite»

Le marché informel de l’ex Rue Arago au quartier de Saint Pierre n’existe plus. A la grande joie des riverains, les commerçants dits illicites occupant la rue et la placette ont été transférés au marché Michelet du centre ville. Ces marchands, une cinquantaine, ont été installés dans les boxs de vente désertés depuis quelque temps par les anciens vendeurs qui ont choisi d’abandonner l’endroit pourtant connu pour sa belle architecture et sa fréquentation par une clientèle plutôt aisée. Mais il semble bien que ces vieilles données sociales ont changé. Ici, même l’ancien vendeur de poissons à l’entrée du marché à fermé son stand car ne pouvant plus écoulé comme jadis toute sa marchandise aux prix hors de portée des familles qui voient leur pouvoir d’achat d’année en année s’effriter. « Les responsables du secteur urbain El Emir ont eu bien raison d’installer ici les vendeurs du quartier St Pierre, explique un riverain retraité… cela me permettra d’éviter le long déplacement vers le marché de la Bastille…». Mais il n’oublie pas d’ajouter: «… Pourvu que les prix soient aussi raisonnables ici qu’au marché de M’dina Jdida ou d’El Hamri». Même si beaucoup applaudissent cette action des gestionnaires municipaux du secteur urbain d’El Emir, les mauvaises langues locales notent avec ironie que les choses risquent fort de changer quand les nouveaux commerçants installés seront invités à payer les loyers et les taxes liés à leur activité. « A moins de les laisser encore dans leur anciens statut de «vendeurs illicites», ils seront à leur tour bien concurrencés par les milliers de marchands squattant les rues et les trottoirs à travers la ville…». Par ailleurs, s’interrogent bon nombre, pourquoi les mêmes élus concernés ne font rien pour régler l’anarchie et la clochardisation qui règne au niveau du marché de l’ex-rue de la Bastille ? Un projet d’aménagement de ce site existe pourtant et a été annoncé depuis plus de vingt ans, sans que personne, tant au niveau des élus que des responsables locaux successifs, ne puisse venir à bout des pressions et des perturbations du climat social mises en avant par les marchands concernés. Ces commerçants devaient être provisoirement transférés dans un hangar aménagé dans l’ancienne cave de l’ONCV à la place Hoche. La règle des «marchés couverts abandonnés», installée depuis longtemps en fatalité, risque à court terme de toucher de nouveau le marché Michelet nouvellement occupé par des marchands trop habitués à la culture de l’informel, ne payant ni droits ni taxes, afin d’améliorer leurs modestes revenus. Les contraintes et les paradoxes des marchés informels sont à la hauteur des inepties et des tâtonnements engagés en guise de solutions crédibles et durables. Jusqu’à quand?
Par S.Benali

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