Oran Aujourd'hui

Les biens de l’APC d’Oran sont toujours convoités

Lors de sa récente visite de travail à Oran, la ministre de la culture Malika Bendouda a déclaré que «les salles de cinéma seront récupérées par le ministère, ajoutant qu’un cahier de charge sera élaboré pour offrir l’opportunité aux artistes d’exploiter ces salles».

Pour tous ceux qui connaissent l’état des lieux et le triste parcours des anciennes belles salles de cinéma oranaises, cette déclaration du membre du gouvernement est difficile à cerner et à comprendre car elle ne repose sur aucun argument crédible pouvant refléter la réalité d’un terrain gangrené depuis quarante ans par le laxisme, le renoncement et la prédation, marquant jadis le vieux mode de gestion du patrimoine et des affaires communal.

Pour les «mauvaises langues locales», il ne s’agit là, encore fois, que d’effets d’annonces sans lendemain servant à remplir un programme d’actions culturelles plutôt austère et peu convainquant.

Car on sait que la presque totalité des cinémas d’Oran, ouverts encore quelques temps après l’indépendance, n’existent plus aujourd’hui.

Cédées en concessions à des privés, certaines ont été transformées pour accueillir d’autres activités jugées plus rentables, telles que salles des fêtes ou dépôt de stockage.

D’autres, abandonnées, sont tombées en ruine, et plusieurs ont été squattées par des familles en quête de logement.

Prises en charge après l’indépendance par des APC défaillantes, et des gestionnaires incompétents, les salles de cinéma d’Oran allaient subir les affres des convoitises et de la conquête foncière et immobilière organisée par une faune de prédateurs venus de tous les coins du pays.

Les contrats de cession de gérance à des privés allaient servir au dérèglement organisé de tout ce secteur culturel peu à peu abandonné.

Ni les APC, ni les structures centrales chargées de la promotion du film, n’allaient être capables de juguler les aberrations et les dérives commises dans l’impunité.

Aujourd’hui à Oran, une seule salle, la cinémathèque, fonctionne et respecte son rôle et sa mission de diffusion et de vulgarisation du 7éme art.

Deux autres salles rénovées et réhabilitées, le Maghreb (ex-Régent) et Es-Saâda (ex-Colisée), ne sont ouvertes qu’au gré des meetings de partis politiques ou des galas marquant l’agenda officiel de la « culture administrée ». Quelles sont alors les salles que la ministre veut récupérer et confier en gestion à des artistes ?

S’agissant de ces deux grandes salles gérées par l’APC, on ne pourrait que s’étonner et déplorer une décision visant à déposséder encore une fois la Commune de ce qui lui reste comme patrimoine.

On sait d’ailleurs que deux salles ont déjà été une première fois transférées à l’organisme de gestion du cinéma algérien à Alger, puis finalement restituées à L’APC.

Peut-on croire qu’une ministre de la République ignore ces détails et ces tâtonnements hasardeux et puisse se lancer, elle aussi, dans ce genre d’action à haut risques de controverses et de contestation?

Par S.Benali

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