Evênement

Les citoyens pris en otages

Des centaines de milliers de clients d’Algérie Poste passent leur troisième jour sans pouvoir avoir accès à leur argent. Ce sont, dans leur écrasante majorité, des fonctionnaires. Et comme il est dit chez-nous, entre ces gens là et la misère totale, il y a un seul salaire. Or, il se trouve que ledit salaire est actuellement pris en otage dans un conflit qui ne concerne, ni de près ni de loin, ces Algériens, dont certains sont carrément dans le désarroi.
Les malheureux usagers de la poste n’ont d’autres solutions que celle de patienter et d’espérer une issue favorable à la grève. Il y en a même qui voudraient voir les bureaux de poste ouvrir dès demain. Ce serait bien, sauf que le ton n’est pas à l’accalmie. Et pour cause, les grévistes affichent leur détermination à aller jusqu’au bout de leur logique revendicative. La direction générale de l’entreprise agit de manière gauche et est en totale contradiction avec la nature même du mouvement de protestation. Elle engage des négociations avec un bureau syndical non reconnu par les employés en colère.
Dans sa gestion, pour le moins chaotique de la grève, la DG s’entête à penser au jour le jour que le mouvement s’éteindra de lui-même. L’appel à la raison, puis le versement de la prime réclamée par les grévistes, entre autres revendications, ont été mis en œuvre dans une sorte d’assurance que les travailleurs n’auront pas le cran d’aller plus loin.
La gaffe de la DG qui ne s’est toujours pas réunie avec des représentants des travailleurs grévistes, après avoir ignoré pendant des années les accords signés dans le cadre de la convention collective, c’est le citoyen qui la paye.
L’entrée en scène du ministre des Poste et des technologies de l’information et de la communication n’a rien réglé. Les propos de Brahim Boumzar se sont noyés dans le brouhaha ambiant qui caractérise ces deux dernières jours, l’un des plus anciens services publics.
Moralité de l’histoire : tout chef d’entreprise doit s’assurer que les représentants des travailleurs le soient réellement. Si non, il parle au mur. Mais cela n’explique pas tout. Ce mouvement social qui intervient à une période cruciale et qui prend en otage des millions de familles algériennes appelle à s’interroger sur les marionnettistes qu’il y a derrière. En effet, sachant la conjoncture que traverse le pays et les tentatives de déstabilisation fomentée contre le pays. Il va de soi que les postiers pris individuellement et même collectivement n’y sont pour rien. Mais le doute sur l’objectif politique de cette grève est légitime.
Par Nabil G

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