Oran Aujourd'hui

Les «faits accomplis» inscrits en banalité dans l’organisation et la gestion du cadre de vie collectif

Dans certains endroits de la ville, il suffit parfois de regarder le haut des immeubles pour voir des constructions illicites implantées sur les terrasses des bâtiments. C’est notamment le cas à la cité Lauriers Roses, la cité des HLM, et même au centre ville le long de la rue Emir Abdelkader. Une image de clochardisation connue depuis des lustres, souvent dénoncée par des responsables locaux, mais qui n’a jamais pu être totalement effacée du paysage urbain.
Ces constructions en parpaings et en tôle ondulée posent en outre un problème de surcharge et d’étanchéité sur ces terrasses d’immeubles squattées depuis des lustres en toute impunité. Il est vrai que le phénomène pouvait à l’époque s’expliquer par une terrible crise de logement incitant des habitants d’immeuble à construire une baraque sur la terrasse pour assurer un toit à leurs enfants une fois mariés qui partagent avec leur parents un appartement exigu dans des conditions insoutenables. Pour la plupart, les squatteurs de terrasses sont connus des habitants de l’immeuble et sont même nés dans l’un des logements du bâtiment.
Et tous soulignent avec force qu’ils avaient déposé une demande de logement social sans le moindre espoir de réponse. Des demandes déposées selon certains pères de famille depuis plus de trente ans, alors que leur premier enfant avait à peine deux ou trois ans. «Au lieu d’aller construire ou louer une baraque dans un bidonville, j’ai osé m’installer sur la terrasse avec l’accord des voisins dans le but d’être inscrit à un programme de recasement… Mais notre immeuble n’a jamais été inscrit dans ces opérations». On sait que dans certains endroits, notamment au centre ville, quelques opérations d’évacuation et de logements des occupants de constructions illicites sur les terrasses ont été initiées par d’anciens walis soucieux d’améliorer la façade urbaine de la cité.
Mais le manque de maîtrise des politiques publiques de gestion du cadre urbain ne permettait pas encore d’assainir et d’éradiquer tous ces «points noirs» devenus souvent irréductibles. L’occupation illégale des terrasses d’immeubles, comme le squat des trottoirs et espaces publics, des vides sanitaires et des parties communes des immeubles dans les grandes cités d’habitat collectif a été, avec le temps et le laxisme ambiant, inscrit dans une scandaleuse banalité sociale, indigne des aspirations au progrès et à la modernité. A ce jour, certains habitants d’immeubles de la cité HLM/USTO constatent, impuissants, que de véritables petites baraques de bidonville sont érigées en extension de la cave ou vide sanitaire jusqu’au bas des escaliers de leur immeuble.
Et quand il arrive qu’un occupant bénéficiaire d’un logement de recasement quitte l’endroit, c’est encore un proche ou un présumé membre de sa famille qui, selon des témoins, vient le remplacer en contrepartie d’une coquette somme d’argent.
Des situations connues par les services de l’OPGI et parfois par l’APC qui semblent avoir bien du mal à régler certaines anciennes situations complexes risquant de s’envenimer entre un occupant illicite et des voisins voulant éviter les conflits et les intimidations. Des situations devenues au fil du temps des «faits accomplis» inscrits dans une sorte de banalité et de «normalité» dans l’organisation et la gestion du cadre de vie collective…

Par S.Benali

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